Les législatives signent-elles l’arrêt de mort de l’Instance de concertation de l’opposition ?
L’Instance de concertation et de suivi de l’opposition (ICSO) va se réunir demain, lundi 23 janvier, à Alger au siège du Mouvement de la société pour la paix (MSP). L’ordre du jour de cette réunion est de discuter des prochaines élections législatives et de la meilleure organisation des rangs de l’opposition pour faire face à la prévisible fraude électorale. Cette réunion risque d’échouer. La raison ? Les partis siégeant dans cette instance n’ont pas eu tous la même position par rapport aux prochaines élections législatives.
Certains, comme la formation de Benflis et celle de Soufiane Djilali, ont opté pour le boycott, les autres, plus nombreux, ont choisi plutôt de participer. S’ils sont d’accord sur la nécessité d’aller vers un changement pacifique, ces partis ne semblent pas partager la même vision de la démarche à suivre pour l’obtenir. Les «boycotteurs», dont le parti Talaie El-Hourriyet, ne semblent pas prédisposés à apporter leur contribution dans cette élection, même si pour aider leurs «partenaires» de l’opposition qui ont choisi d’aller à cette aventure électorale aux résultats définis à l’avance. Même minoritaires, les boycotteurs des prochaines législatives refusent de se soumettre à l’avis majoritaire. Cette situation mine l’Instance de concertation et de suivi de l’opposition (ICSO).
Selon des sources sûres, l’ICSO est au bord de l’explosion en raison des divergences apparentes entre certains membres. Des membres de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) ne supportent plus la présence de Jil Jadid dans cette Instance. Ce parti, dirigé par Soufiane Djilali, a démissionné de la CLTD pour dénoncer les «participationnistes». Aujourd’hui, ces «participationnistes» sont majoritaires, même au sein de l’ICSO. Cela même s’il y a des partis politiques non agréés qui siègent aussi dans cette Instance de concertation. Des formations qui sont beaucoup plus proches des positions de Benflis et de Soufiane Djilali que de celles du MSP, du RCD et de FJD. Aussi le courant islamiste est-il présent avec deux forces rivales.
Il s’agit de celle incarnée par le MSP, qui retrouve sa forme d’il y a cinq ans, et de celle représentée par Abdallah Djaballah. Ces deux forces sont irréconciliables. Il est difficile dans ce contexte électoraliste de les voir travailler main dans la main. D’ailleurs, c’est pour cette raison que l’alliance s’est faite entre le Front du changement de Menasra et le MSP de Makri, d’un côté, et entre le Front pour la justice et le développement (FJD) de Djaballah, Ennahda et le Mouvement pour l’édification nationale (MEN). Cette impossible «entente» entre le parti de Djaballah et le MSP se répercute sur le travail de l’ICSO qui perd presque la fonction pour laquelle elle a été installée, à savoir la concertation pour une meilleure efficacité dans l’action politique pour provoquer le changement démocratique espéré.
Outre les divergences entre les boycotteurs et les participants aux législatives, il y a également les rivalités entre les deux blocs islamistes qui viennent se former. A cela s’ajoute la mésentente entre le RCD et le parti d’Ali Benflis. Le parti de Mohcen Belabbès avait déjà critiqué la volonté affichée par l’ancien chef de gouvernement de régner sur cette instance de concertation. Et certains membres de l’ICSO n’hésitent plus à s’interroger sur l’utilité de maintenir une instance qui a atteint ses limites. C’est le cas de Lakhdar Benkhellaf, du parti de Djaballah, pour lequel l’ICSO est vouée à disparaître. Comme d’ailleurs la CLTD.
Ainsi, après deux ans d’efforts et de concertations, l’opposition a prouvé son incapacité à dépasser ses différends et ses divergences pour former un bloc politique solide capable de défendre ses intérêts et de faire aboutir ses revendications politiques.
Sonia Baker
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