Jean Glavany : «Je regrette d’avoir évoqué la santé des dirigeants maghrébins»
Dans un entretien à Berbère Télévision (BRTV) diffusé ce mardi, le député socialiste français Jean Glavany a déclaré regretter les propos qu’il avait tenus mercredi dernier à l’Assemblée nationale sur la santé fragile du roi du Maroc et l’âge avancé des présidents algérien et tunisien. C’était à l’occasion de la présentation d’un rapport d’information sur «la coopération européenne avec les pays du Maghreb» à l’issue d’une enquête de six mois qu’il a menée avec un autre député. Jean Glavany dit aujourd’hui regretter qu’un journaliste «ait retenu ce propos» qui, selon lui, n’est pas consigné dans son rapport, alors qu’il savait pertinemment que l’audition était ouverte à la presse. Pourquoi donc ce revirement ? A-t-il reçu des pressions de son parti, le PS ? Son long repentir à BRTV le laisse croire.
Voulant minimiser l’impact de ses «révélations», le député et ex-ministre dit assumer seul ses propos «irrévérencieux», mais tout en les nuançant. «J’ai dit un sentiment qui est le mien, explique-t-il, à savoir que dans les principaux pays du Maghreb, il est frappant de voir que le pouvoir reposait sur des hommes qui sont soit âgés, soit malades, soit âgés et malades.» Il a estimé que «ce n’est pas un secret que Caïd Essebsi, à 90 ans, ne puisse rester à la tête de l’Etat tunisien pendant vingt ans. Que Bouteflika, qui est âgé et malade, c’est un fait et que beaucoup non seulement en parlent, mais s’y préparent et beaucoup de choses s’organisent autour de cela» (de sa succession, ndlr), se rattrape le député. Et d’enchaîner : «Quant au roi du Maroc, et c’est l’expression qui a le plus perturbé, j’ai fait état d’une possible maladie. Je ne suis pas médecin, je n’ai pas de secrets d’Etat à révéler, mais on a le sentiment que cet homme (…) est quelqu’un qui me semble malade, et cela, effectivement, participe de cette fragilité», a souligné le député «bavard», avant de relativiser son propos, en demandant de ne pas donner «plus d’importance» à ses affirmations.
Le député socialiste n’a pas pu cacher sa pensée profonde sur l’avenir de cette région, qui est l’objet de son étude et de faire même, insidieusement, des projections qui sont loin d’être innocentes. «Il faut retenir que ces trois pays, à cause de ces réalités, sont devant des rendez-vous démocratiques qui vont se passer dans les mois ou les années qui viennent et qui peuvent contenir le meilleur ou le pire.» Pour lui, ces pays montrent «une fragilité certaine» à travers les tensions sociales qui les traversent. «Des révolutions du ventre peuvent s’y exprimer d’une manière ou d’une autre», a-t-il lâché. Va-t-il se justifier une nouvelle fois ?
R. Mahmoudi
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