Maroc : la police réprime dans le sang une manifestation
La ville marocaine d’Al-Hoceima a été le théâtre dimanche de manifestations ayant tourné à l’émeute après une intervention musclée des forces de l’ordre pour interdire un sit-in qui devait être organisé dans la ville pour «commémorer la mort d’Abdelkrim El-Khattabi», figure régionale et chef militaire de la «République du Rif» dans les années 1920. D’après des médias locaux, la police a fait usage de balles en caoutchouc et de bombes lacrymogènes pour disperser ce rassemblement pacifique. Les échauffourées auraient fait près d’une trentaine de blessés.
Des militants de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) indiquent que «les forces de l’ordre ont bloqué toutes les entrées d’Al-Hoceima pour empêcher les gens venus des villages avoisinants pour manifester». Ces heurts interviennent plus de trois mois après la mort d’un vendeur de poisson, Mohcine Fikri, écrasé par le mécanisme de compactage d’une benne à ordures alors qu’il tentait de s’opposer à la saisie de sa marchandise. La mort de Mohcine Friki avait été suivie d’une vague d’indignation et de manifestations populaires dans cette localité du Rif et dans tout le pays.
Des sources locales indiquent que le sit-in était organisé aussi en soutien à Mohcine Friki, ajoutant que «depuis la mort de ce vendeur de poisson, toutes les manifestations organisées à Al-Hoceima étaient pacifiques et il n’y a jamais eu de violence du côté des manifestants».
Selon Nasser Zafzafi, chef de file de la contestation locale s’exprimant sur sa page facebook, «les militants voulaient se réunir et présenter un document final exposant les revendications des populations», mais «la machine répressive» a empêché les manifestants de se rassembler et a bloqué plusieurs entrées de la ville.
Des activistes locaux ont tenu ces derniers mois plusieurs manifestations à Al-Hoceima pour réclamer toute la lumière sur les circonstances du décès et ses éventuels responsables, posant également des revendications plus sociales et politiques, comme la lutte contre le chômage ou la corruption. La réponse musclée apportée par le pouvoir central aux revendications de la population d’Al-Hoceima laisse entendre que Rabat a décidé de couvrir l’affaire Friki du voile de l’impunité.
Khider Cherif
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