Un nouveau Proche-Orient va-t-il se dessiner à Moscou ?
Le Proche-Orient de l’après-crise syrienne ne ressemblera probablement pas à celui que le monde a connu jusque-là. C’est du moins ce que suggèrent des médias russes, qui annoncent la tenue, le 15 février prochain à Moscou, d’une conférence nationale pan-kurde avec la participation des Kurdes d’Irak, de Turquie, d’Iran et de Syrie. Selon la même source, les participants discuteront de la situation au Moyen-Orient et des divisions en zones d’influence dans la région. Parmi les participants figurent le codirigeant du PYD, Asya Abdulla, le président de l’administration locale de Kobané, Anwar Muslim, et l’ancien maire de Diyarbakir, Osman Baydemir. «Des représentants des partis kurdes d’Iran et d’Irak seront présents également à la réunion, mais on ne sait pas quels partis du Kurdistan irakien et iranien y seront», mentionne Wladimir van Wilgenburg, auteur d’un article consacré à la question.
Fin janvier, des membres du Parti de l’union démocratique étaient déjà invités à Moscou par le ministre des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, pour discuter de la Syrie future et des conclusions des pourparlers de cessez-le-feu à Astana. Bien que la Russie insiste pour que le PYD soit partie prenante aux négociations de paix à Genève, l’opposition syrienne et la Turquie s’opposent à cette présence, et ce, quels que soient les pourparlers de paix. Cependant, les Russes ont tenu plusieurs réunions avec ce parti tant en Syrie qu’à Moscou.
Des tentatives ont déjà eu lieu dans le passé pour organiser une conférence nationale kurde dans le Kurdistan irakien, mais en raison des divergences entre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Barzani, la conférence a été retardée indéfiniment. Au cours des derniers mois, le PKK a demandé aussi la tenue d’une telle réunion, mais il est peu probable que les principaux partis kurdes, le PKK et le PDK, puissent conclure un accord sur la tenue d’une telle conférence en raison des tensions sur le partage du pouvoir et du territoire dans le Sinjar, au nord de l’Irak, et des secteurs kurdes en Syrie connus sous le nom de Rojava.
Dans la région, il y a un pays qui milite clairement et depuis des années en faveur de l’émergence d’un Etat kurde. Il s’agit d’Israël. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a d’ailleurs exprimé en mars dernier son soutien en faveur d’un Etat kurde indépendant, une idée à laquelle la Turquie, l’Irak et la Syrie s’opposent fermement. Israël a depuis longtemps favorisé des relations cordiales avec les Kurdes, en particulier avec le Gouvernement régional du Kurdistan, une région fédérale autonome du nord de l’Irak reconnue par le pays et par la communauté internationale.
Une experte israélienne sur les Kurdes a soutenu dans la revue American Interest que les Israéliens ont également fourni des armes et de la formation au Kurdistan irakien. En outre, l’Etat hébreu aidait les Kurdes en achetant leur pétrole en 2015 à un moment où Bagdad menaçait de poursuivre en justice toute personne qui commercerait avec les Kurdes.
Khider Cherif
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