Quand le journal Le Monde se préoccupe de la pénurie de kif marocain en Algérie
Un article publié par Le Monde confirme incidemment les bons résultats obtenus par les services de sécurité algériens dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. Le correspondant du Monde s’est intéressé à la consommation de kif dans quelques quartiers d’Alger et a constaté qu’il y avait pénurie de cette drogue. En fait, son constat, qui est plutôt de nature à rassurer les familles algériennes, n’a pas de quoi surprendre. Il est la preuve de l’efficacité des opérations de lutte contre le trafic de drogue, dont les bilans sont rendus publics dans les communiqués du ministère de la Défense nationale.
A titre d’exemple, le dernier communiqué porte sur l’arrestation de 6 narcotrafiquants et la saisie de 307 kilogrammes de kif traité ainsi que plusieurs véhicules, effectuée mercredi 8 février et dans la matinée du jeudi 9 février. Toute la quantité de résine de cannabis saisie vient du Maroc. En 2016, plus de 109 tonnes de résine de cannabis ont été saisies en Algérie, dont 74,34% dans l’ouest du pays, selon un bilan de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT), se référant au bilan des services de lutte contre les stupéfiants (Gendarmerie nationale, DGSN et Douanes). Ce chiffre est en baisse de 13,89% par rapport à 2015, en raison surtout du renforcement du dispositif sécuritaire au niveau des frontières, explique une source proche de l’office. Car, c’est en amont, tout au long de la frontière avec le Maroc, verrouillée par les autorités algériennes, que la source d’approvisionnement est tarie.
Les services de sécurité ont procédé au renforcement des postes de surveillance et des unités de contrôle avec une répartition maîtrisée des brigades en patrouille, véhiculées et pédestres, ainsi que par la réalisation de tranchées et d’obstacles érigés le long de la bande frontalière ouest, ce qui a contribué à paralyser les réseaux de trafic international du kif traité et entraîné des pertes financières considérables aux narcotrafiquants installés au Maroc.
Il est curieux que Le Monde s’inquiète du manque de kif en Algérie. Quand on sait que ce journal est proche du parti socialiste, lui-même proche du régime monarchique de Rabat et que le candidat socialiste Benoît Hamon compte légaliser le cannabis s’il est élu, on se demande si ce journal ne s’inquiète pas plutôt pour les intérêts du Makhzen qui vit des revenus de la drogue et qui se voit ainsi menacé jusque dans son existence par la lutte sévère et efficace menée par l’Algérie contre ce fléau et l’absence de débouchés, hormis la frontière algérienne, les Espagnols étant eux aussi à l’affût et l’armée sahraouie sur le qui-vive à Guegarate, donc pas de passage par la Mauritanie non plus !
Dans son rapport 2016, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime a encore placé le Maroc en tête des producteurs mondiaux de résine de cannabis dont la consommation, font remarquer les spécialistes, a un impact direct sur la santé et favorise la criminalité. Pour éviter cette stigmatisation, le Makhzen a lancé l’idée de la légalisation du cannabis, en prenant pour prétexte son usage médical. Un débat, dit-on, a cours au Maroc sur cette option qui est renforcée par l’échec de la tentative d’inonder l’Algérie de cannabis.
Houari Achouri
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