Pourquoi l’Algérie est incontournable pour les candidats à la présidentielle française
Alger prend les allures d’une antichambre pour ceux qui prétendent au pouvoir en France. Depuis quelque temps, c’est devenu une habitude, les élections présidentielles françaises sont précédées, pour les candidats qui s’y présentent, par une tournée dans notre pays. La visite d’Emmanuel Macron aujourd’hui et demain mardi dans la capitale vient le rappeler, après celle d’Arnaud Montebourg, à Oran puis Alger, une visite qui avait en même temps tout d’un pèlerinage – la mère de Montebourg est algérienne –, avant les primaires de son parti qui lui ont préféré Benoît Hamon comme candidat des socialistes. L’actualité étant centrée, il est vrai, sur le cas Fillon qui monopolise l’attention, les médias français, qui ont commenté le voyage de Macron sont plutôt rares.
Mais le quotidien Ouest-France, qui en fait partie, a dit l’essentiel en rapportant ce qu’en pense son entourage : «L’Algérie est incontournable dans une campagne présidentielle.» Est-ce à dire qu’avant d’aller à la récolte des suffrages, avec de bonnes chances de l’emporter, il faut se mettre dans les bonnes grâces d’Alger ? Les observateurs ont déjà eu à constater qu’Alger est un passage obligatoire pour tous les prétendants à l’Elysée. Ils citent, à l’appui, les exemples de François Hollande en 2010 et de Nicolas Sarkozy en 2006, alors que, notent-ils également, Jacques Chirac s’y était rendu quelques semaines après sa réélection. Il y a un an, c’était Alain Juppé, maire de Bordeaux, qui effectuait un voyage présenté comme symbolique à Oran, ville jumelée à la sienne. Juppé a été éliminé de la course, on le sait, par les primaires de la droite qui ont choisi François Fillon pour la représenter.
Emmanuel Macron n’ignore pas que le futur président français devra compter sur l’Algérie pour maintes questions de politique intérieure et, plus encore, pour les affaires régionales qui concernent le Bassin méditerranéen. Ouest-France rappelle que le fondateur du mouvement En marche ! a appelé à «s’appuyer sur l’Algérie et l’Egypte, qui ont les mêmes intérêts que nous, pour agir en Libye». Durant les deux jours qu’il passera à Alger, son emploi du temps, livré par les médias français, montre que ce séjour ne lui suffira pas pour voir tout le monde. Mais il est certain que Macron sera reçu avec l’intérêt que suscite sa candidature qui apparaît – du fait de l’énorme handicap créé à Fillon par l’affaire Penelope – comme le seul véritable rempart contre le péril représenté par la candidature de Marine Le Pen.
Une bonne partie de l’électorat de la candidate du Front national est pris parmi les nostalgiques de l’Algérie française qui n’ont pas digéré l’indépendance de notre pays et sont prêts à le faire payer aux émigrés d’origine algérienne, créant, du coup, des problèmes de réinsertion à notre pays.
Au contraire, Macron compte bénéficier du vivier de voix contenues dans la communauté franco-algérienne forte de plus d’un million et demi de binationaux résidents en France. D’où une excellente raison pour lui de se montrer à Alger et de manifester des dispositions favorables à de bonnes relations entre les deux pays. On peut s’attendre à une déclaration ou, au moins, à quelques petites phrases lancées par Macron, qui feraient connaître ce qu’il pense du passif né de l’occupation coloniale de l’Algérie, une question qui reste un repère et un critère utilisés par les Algériens pour situer les hommes politiques français.
Après Macron, qui fera le déplacement à Alger ? François Fillon, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon ? Ils seront certainement les bienvenus. L’élection présidentielle en France est d’abord l’affaire des Français, même si l’Algérie y est mêlée pour des tas de raisons.
Houari Achouri
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