En visite à Alger : Macron évite les questions qui fâchent
Le candidat à la présidentielle française Emmanuel Macron est arrivé aujourd’hui à Alger en quête d’un soutien «électoral», lui qui n’est plus ministre des Finances depuis qu’il a décidé de briguer la magistrature suprême. Dans sa double sortie médiatique sur un titre arabophone et un autre francophone, Emmanuel Macron n’a aucunement parlé du président Bouteflika ni de la situation politique en Algérie.
Contrairement à certains parlementaires français, qui expriment des inquiétudes quant à l’avenir incertain de l’Algérie en raison de la maladie du président Bouteflika et des problèmes de la succession, Emmanuel Macron souligne l’importance de renforcer les relations entre les deux pays. Dans son programme, ce candidat à la présidentielle française rencontrera de hauts responsables et des membres du gouvernement, à leur tête Abdelmalek Sellal, mais pas le président de la République. A moins que son programme soit modifié au courant de la visite de deux jours.
Il parle de la visite de François Hollande, mais ne cite nullement le président Bouteflika. Il affirme qu’il ne pouvait rester ni «indifférent» aux efforts de convergence consentis par l’Algérie et la France «ni aux mots importants et sensibles qui ont été prononcés depuis plusieurs années, je pense aux discours de Sétif, de Guelma, à celui de Constantine et à celui d’Alger, notamment en 2012, à l’occasion de la visite d’Etat du président de la République François Hollande». Emmanuel Macron parle beaucoup des relations entre la France et l’Algérie qui «reposent sur une histoire complexe» et de sa franche volonté de les développer davantage. Il évoque le douloureux passé colonial duquel personne ne peut s’affranchir.
Il estime que la force des liens entre l’Algérie et la France vient de leur histoire commune, mais il refuse de s’enfermer dans ce passé. «Je suis d’une génération qui n’a pas connu la Guerre d’Algérie, je veux apporter un regard neuf sur l’Algérie et un rapport nouveau avec l’Algérie.» Emmanuel Macron ne parle pas de la repentance. Il se contente d’assurer qu’il veillera à ce que la proposition de loi relative à la reconnaissance du massacre des Algériens du 17 octobre 1961 à Paris aboutisse.
Emmanuel Macron affirme vouloir développer des relations humaines faites d’échanges économiques, de projets culturels, scientifiques, écologiques et d’entreprenariat. Il ne dit pas qu’il a besoin du soutien des centaines de milliers de voix des binationaux algériens lors de l’élection présidentielle qui interviendra dans deux mois.
Sonia Baker
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