Hommage à Fernand Iveton l’Algérien à Paris
Une soirée-hommage à Fernand Iveton, cet Algérien guillotiné le 11 février 1957, a été organisée vendredi soir par le Parti communiste français (PCF) dans le cadre de la semaine anticoloniale 2017. «Il y a 60 ans, le 11 février 1957, Fernand Iveton, militant communiste membre du FLN, était guillotiné sur ordre de l’Etat français. Il avait commis comme ‘‘crime’’ un acte de solidarité avec son peuple, le peuple algérien. La guerre d’Algérie durait alors depuis trois ans. Le peuple algérien paya un lourd tribut à la cause de son indépendance», ont rappelé les organisateurs de cet hommage auquel plus d’une centaine de personnes sont venues écouter le témoignage de son compagnon de lutte, Sadek Hadjres, un des fondateurs du Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS), et l’historien Alain Ruscio.
Dans son introduction, Frédérick Genevée, membre de la direction du PCF, a affirmé que la colonisation française n’est pas un «objet froid», soutenant que l’extrême droite n’a pas encore digéré l’indépendance de l’Algérie. Il a indiqué que commémorer le martyr Fernand Iveton est «un choix politique» de la direction du PCF qui a fait l’objet, durant la soirée, d’un chapelet de critiques sur sa position «négative» lors du déclenchement de la guerre de Libération, malgré les explications données par Sadek Hadjres, qui était à l’époque au sein du Parti communiste algérien (PCA).
«Oui, il y a eu des crimes coloniaux, des crimes contre l’humanité en Algérie commis par l’Etat français qui répondait aux revendications et aspirations des Algériens par la répression et la violence», a affirmé ce responsable du PCF. C’est ainsi que l’historien Alain Ruscio, auteur de Nostalgérie : l’interminable histoire de l’OAS (La Découverte, 2015), a mis les faits dans leur contexte en rappelant le combat militant de ce jeune communiste révolutionnaire qui croyait en l’avenir d’une Algérie indépendante. Il a également évoqué avec ironie l’arrivée en octobre 1842 de l’arme fatale, la guillotine, par laquelle il a dénombré 583 victimes d’Algériens, dont Fernand Iveton qui avait participé à «la lutte de son peuple». Pour lui, l’assassinat d’Iveton reste une «tache indélébile» dans l’histoire de la France contemporaine. «En ces temps de réhabilitation tous azimuts du colonialisme, il est bon de rappeler que ce système, né dans la violence, ne s’est perpétué que par le sang, avant de s’écrouler lamentablement», a-t-il dit.
Pour sa part, Sadek Hadjres a souligné qu’Henri Maillot, un autre militant de la cause algérienne, et Fernand Iveton, qu’il avait connu dès 1950, «ont donné une leçon de patriotisme aux Algériens», témoignant qu’ils étaient avec tant d’autres «profondément imprégnés par la lutte contre le colonialisme pour l’indépendance de l’Algérie».
L’ancien responsable du mouvement communiste algérien a bifurqué dans son intervention sur la relation entre le PCF et le PCA pour dire qu’elle était «exemplaire» durant la période de la guerre de libération. Une affirmation qui a suscité un certain nombre de réactions de la part du public, dont des interventions ont focalisé sur l’attitude «incompréhensible» du PCF lors du déclenchement de la lutte armée du peuple algérien sur le vote, le 12 mars 1956, en faveur des pouvoirs spéciaux donnés au gouvernement «pour prendre toutes les mesures exceptionnelles commandées par les circonstances en vue du rétablissement de l’ordre, de la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du territoire».
Pour rappel, au petit matin du 11 février 1957, Fernand Iveton est exécuté à la prison Serkadji, à Alger, en même temps que deux autres patriotes algériens : Mohamed Ounnoughi et Ahmed Lakhnache. Ses dernières paroles ont été : «La vie d’un homme, la mienne, ne compte pas. Ce qui compte, c’est l’Algérie, son avenir.»
R. N.
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