Comment le Maroc laisse les Palestiniens mourir de soif pour servir son allié Israël
Le très présomptueux secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UpM), le Marocain Fathallah Sijilmassi, vient de bouder une réunion cruciale pour la population de Gaza qui fait face à une véritable catastrophe en ce qui concerne l’alimentation en eau potable de l’enclave palestinienne. Lui qui est d’habitude omniprésent et qui laisse souvent entendre qu’il est à l’étroit dans son rôle purement «technique», conformément aux statuts adoptés en juillet 2008, il cherche à tout prix à se ménager une posture et un rôle politiques qu’il refuse, ou ne peut pas, assumer dès lors qu’il s’agit des Palestiniens.
Fathallah Sijilmassi n’a ainsi pas jugé utile d’assister à la réunion de la Commission des Affaires politiques, de la Sécurité et des Droits de l’Homme de l’Assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée (AP-UpM), tenue au Parlement européen à Bruxelles, le 2 mars 2017, et qui devait traiter du projet de réalisation, sous le label UpM, d’une usine de dessalement à Gaza, en présence du ministre palestinien chargé de l’Eau, Mazin Gnaim.
Ce dernier a qualifié ce projet – d’une capacité de 55 millions de mètres cubes et dont il a estimé son coût à 592 millions de dollars – de vital et d’urgent pour la population de Gaza. Les Gazaouis risquent de se trouver dans une situation de catastrophe humanitaire et environnementale grave si ce projet n’est pas concrétisé dans les trois prochaines années en raison d’une baisse importante des niveaux de l’eau de l’aquifère, induisant une augmentation de la salinité de l’eau, également polluée par les eaux usées, ce qui rend 97% de l’eau extraite de l’aquifère impropre à la consommation humaine.
Ce n’est pas tout. L’arrogant secrétaire général de l’UpM ne se contente pas de «zapper» les rencontres destinées à améliorer le quotidien des Palestiniens. Pis encore, il s’arrange pour les saborder. Fathallah Sijilmassi a été démasqué par le président de la Commission politique de l’AP-UpM, l’eurodéputé italien Renato Soru. Lors d’un discours prononcé à l’ouverture de la rencontre, Renato Soru s’est plaint du manque de coopération du secrétariat de l’UpM.
Renato Soru a indiqué avoir «saisi officiellement le secrétariat de l’UpM en juillet 2016 pour obtenir des informations (…) en particulier sur le projet des installations de désalinisation à Gaza» mais qu’aucune réponse ne lui a été donnée à ce jour malgré ses multiples requêtes. Il n’a d’ailleurs pas hésité à qualifier cette attitude d’«incompréhensible», surtout qu’elle émane d’une institution comme l’UpM. Une institution, a-t-il ajouté, dont on s’attend à un niveau de coopération plus élevé.
Au passage, Soru a regretté l’absence à cette réunion du représentant du secrétariat de l’UpM, en allusion à son secrétaire général, Fathallah Sijilmassi, bien qu’invité à prendre part à cette rencontre, rappelant au passage, sur un ton provocateur, que le secrétariat de l’UpM considérait ce projet comme l’un de ses projets prioritaires.
Fathallah Sijilmassi a-t-il reçu des instructions du palais royal pour laisser les Palestiniens mourir de soif ? Cela ne serait pas étonnant ! Mohammed VI qui est le président du comité El-Qods ne daigne toujours pas lever le petit doigt alors que les programmes de colonisation et de judaïsation de Jérusalem n’ont jamais été aussi intensifs. Ce comité est pratiquement en hibernation depuis au moins cinq ans.
En 2013, Rabat n’avait rien trouvé de mieux pour justifier cette panne que de mettre en avant la crise syrienne et le niveau de représentation trop élevé de l’Iran, un pays avec lequel Rabat n’entretient plus de relations diplomatiques. Il avait accusé aussi les «islamistes» de chercher à déstabiliser son royaume.
En réalité, la problématique de la judaïsation d’Al-Qods constitue le cadet des soucis de Mohammed VI. La preuve : le Comité Al-Qods qu’il préside depuis la disparition de son défunt père, le roi Hassan II, qui l’a créé à Fès en 1979, ne s’est pas réuni depuis… seize ans. Entre-temps évidemment, les Israéliens mènent tambour battant, depuis toutes ces années, une campagne de judaïsation de Jérusalem des plus agressives.
Un seul élément peut expliquer la passivité affichée par Fathallah Sijilmassi et le palais royal à l’égard du drame palestinien : le rapprochement en douce qui s’opère entre Israël et le Maroc. Une agence de voyage israélienne ne prévoit-elle pas d’ailleurs de faire découvrir le Maroc à ses clients dès cet été ?
Khider Cherif
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