La femme algérienne célébrée à Alger par le conte et le chant andalou
L’Ensemble national féminin de musique andalouse et Sihem Kennouche ont animé mercredi soir à Alger un concert lyrique mêlant le contes poétiques du patrimoine algérien aux chants du terroir andalou, dans une expérience encore nouvelle, bien accueillie par le public.
Célébrant la femme algérienne, le récital «Soltane El H’Wa» a mis en valeur, à l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaïeh, la tradition orale et le chant andalou à travers une dizaine de chansons alternées par la lecture de trois contes du patrimoine algérien datant du XIIe siècle.
Durant près d’une heure et demie, Sihem Kennouche, incarnant le rôle de la narratrice et la vingtaine de musiciennes formant l’Ensemble national féminin de musique andalouse dirigé par Naguib Kateb, ont embarqué le public dans un voyage onirique qui raconte la romance et les plaisirs de la vie.
La conteuse, à la voix présente et intonative, préludait les chansons par des lectures aux contenus captivants, simultanément soutenues par des «istikhbars» rendus au luth par Saliha Ould Moussa, au doigté magique, qui a donné à son instrument un rôle de second narrateur dans des atmosphères conviviales.
«Louila», «Aâouicha» et «Chouchana», héroïnes des trois histoires, tombent amoureuses de «Loghram» (l’amour), «El ôchq» (le coup de foudre) et «Et’Tihane» (l’errance), érigés en personnages et fils de «Soltane El H’Wa».
Ces trois liaisons intenses aux évènements à rebondissements vont aller au-delà des frontières et nourrir des liens culturels entre les villes d’Izmir (Turquie), Miliana, Marrakech (Maroc), Mascara, Sicile (Italie), Annaba, Andalousie (Espagne), Constantine et Kairouan (Tunisie).
Dans des airs du terroir maghrébin illustrant les narrations, les chants Ahabba qalbi, Maâchouk min gheïdi l’hissen, Touiyari mesrar, Chahr el aâwachir, Qalali nassih min ness, Chems el aâchiya, Chouchana, Et’tih wayhak et El kawnou idha taballikoum ont été rendus dans des modes andalou, algérien, marocain et tunisien et mouvements irréguliers.
Le public, relativement nombreux, a pu apprécier le professionnalisme des musiciennes, H’nifer Benaziza au qanun et Asma Alla à la percussion notamment et les voix suaves aux tessitures larges des solistes Mounia Chatal, Radia Nouasser, Neila Boubzari, Amira Chekchek, Houda Bouchebek et Sabah Andaloussia.
Dans une fusion prolifique des genres, des émotions identiques ont été restituées dans des situations multiples à travers la narration et le chant, dans un montage judicieux et complémentaire qui a suscité l’adhésion du public.
«Les histoires racontées et les pièces présentées de notre patrimoine andalou expriment les mêmes émotions de romance, de séparation, de mélancolie d’attente, de ruse, de jalousie et de liberté», explique Sihem Kennouche.
Un bel hommage au patrimoine et à la parole poétique a été rendu dans un récital innovant qui a permis aux deux registres artistiques de se mettre mutuellement en valeur.
Le public, savourant chaque instant du spectacle dans l’allégresse et la volupté, a vécu une expérience inhabituelle, aux accents concluants qui ont ouvert un nouveau champ d’expression au conte et donné plus d’éclat à la chanson andalouse.
R. C.
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