Benflis de Béjaïa : «Le régime politique en place est dans la diversion»
Le président de Talaie El-Houriyet a brossé un tableau noir de la situation politique dans un meeting à Béjaïa mais a étrangement éludé la principale question d’actualité qui est le prochain rendez-vous électoral que son parti a décidé de boycotter. «Notre pays a connu dans son passé des crises politiques, économiques ou sociales mais n’a jamais été confronté à une concomitance de toutes ces crises comme il l’est aujourd’hui», a-t-il lancé d’entrée devant quelque deux mille personnes, dont une bonne partie est venue des wilayas limitrophes.
Benflis est revenu sur son analyse du système politique qui a, selon lui, atteint ses limites historiques, en appelant à un changement «pacifique, consensuel et graduel». Pour lui la, crise sociale actuelle nous renvoie l’image de gouvernants «désorientés, désemparés et saisis de panique et de désarroi devant ses risques imprévisibles». Et d’enchaîner : «L’Etat est rendu vulnérable par l’impasse politique totale dont nous sommes témoins. On ne voit que des institutions en déficit de crédibilité et de confiance», accuse-t-il
Dans son long réquisitoire, le chef de file de Talaie El-Houriyet charge le «régime politique en place» de tous les échecs. «On nous a promis, dira-t-il, une société apaisée, juste, solidaire et fraternelle. Mais, jamais la société algérienne n’a subi de chocs comme ceux qu’elle a subis, et qu’elle continue à subir». Pour lui, le régime politique en place «est dans le déni des réalités ; il est dans la diversion et dans la fuite en avant».
A propos des émeutes du 2 janvier dernier qui ont secoué la wilaya de Béjaïa et ses environs, Ali Benflis a été sans concession avec les tenants du pouvoir. «Dans tous les pays du monde, a-t-il déclaré, la réaction des autorités politiques aurait été immédiatement décisive et à la mesure de la gravité de la situation. Béjaïa est restée livrée à elle-même, c’est seule qu’elle a fait face à l’épreuve, c’est seule qu’elle a pansé ses blessures, et c’est seule qu’elle s’est relevée pour reprendre le cours de la vie.» Il dénonce, à ce propos, le fait que ni le Premier ministre ni aucun ministre ne soient venus pour prendre des mesures qui s’imposaient.
Sur sa lancée, l’hôte de la capitale des Hammadites a condamné l’interdiction par les autorités d’une conférence, la semaine dernière, dans la ville d’Aokas, tout en dénonçant les multiples restrictions contre les libertés syndicale et d’expression dans le pays.
Rabah A.
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