Une contribution de Rabah Boucetta – Crise au sein de la FAF : l’arbre qui cache la forêt
L’unanimité affichée par les membres de l’assemblée générale de la FAF autour du président sortant El-Hadj Mohamed Raouraoua traduit la panique dans laquelle s’est retrouvée la maison de Dély Ibrahim depuis l’échec de la dernière Coupe d’Afrique des nations. Ils ont compris que son départ signifie aussi la libération des clubs pris en otage par le clan Raouraoua.
La réforme sportive de Djamel Houhou, à l’origine des performances de l’équipe nationale de football enregistrées surtout au Mondial espagnol de 1982 et celles de la JSK qui dominait à un moment le football africain, traduisait en réalité une clairvoyance politique qui a fait ses preuves. En effet, cette décision bouleversa les structures vieillottes atteintes par le chauvinisme et qui n’ont pas échappé à la manipulation.
Se voyant contraint par cette situation, le Conseil des ministres a prôné un changement historique, lequel changement avait distingué les associations en deux parties : l’Association sportive communale dite de type amateur (ASC) et l’Association sportive de performance (ASP) qui intéressera les clubs de l’élite. Ceux qui ont choisi de mettre fin à ce choix stratégique n’ont pas présenté d’alternative. L’abandon de ce choix judicieux, qui nous a renvoyé à la période d’avant-1977, s’est soldé par le retrait des entreprises publiques de la gestion des clubs de l’élite et une improvisation généralisée qui a fini par offrir notre sport roi à des extras du milieu sportif.
Ainsi, de prestigieuses équipes très ancrées socialement ont été livrées à des prédateurs dont le seul but est le gain matériel. Depuis, le football national n’a cessé d’enregistrer les contre-performances, jusqu’à s’éclipser définitivement des grands rendez-vous sportifs internationaux. C’est dans cette situation qu’arrive Mohamed Raouraoua en homme providentiel à la présidence de la Fédération algérienne de football. Face à la disette et à l’absence de perspective et d’une politique de formation capable de réinventer le sport roi dans l’espace qu’il lui convient dans le pays, le nouveau locataire de Dély Ibrahim avait préféré un résultat immédiat. Il s’engage dans les coulisses de la Fifa pour sensibiliser les décideurs de l’instance planétaire à revoir la réglementation relative à la nationalité sportive des binationaux.
Avec l’adoption de cette nouvelle option de choix, Mohamed Raouraoua avait trouvé enfin l’alternative au désastre national. L’occasion pour lui de recruter les meilleurs joueurs sur le marché mondial issus des écoles de formation du football en France. Ceux qui ont fait le bonheur des Bleus en catégorie minimes, cadets et juniors. Ils peuvent enfin porter le maillot des Verts. Pour les uns, c’est le choix du cœur, pour les autres, c’est une alternative à leur non-convocation en équipe de France. Néanmoins, les résultats de la dernière Coupe d’Afrique ont fait tomber les masques. L’opinion publique n’arrive toujours pas à comprendre comment se fait-il que les résultats n’ont pas suivi, sachant que l’autorité politique n’a ménagé aucun effort pour répondre à toutes les exigences et doléances de la fédération, et sur le plan technique, la pâte existe.
L’ossature de l’équipe nationale est composée d’un effectif fait des meilleurs joueurs existants sur le marché mondial. La seule explication à la contre-performance est l’absence d’une bonne gestion au niveau de la FAF. Une structure qui a montré les limites d’une politique isolée et d’une gestion individualisée. Du jour au lendemain, le patron de la FAF est montré du doigt par tout un peuple. Du simple citoyen au spécialiste du ballon rond, de l’homme politique au représentant des pouvoirs publics : tout le monde appelle au changement à la Fédération algérienne de football.
Sauf que l’homme est préparé à ce genre de tempête. Il laisse passer l’orage avant de rebondir par la grâce d’un règlement intérieur taillé sur mesure. En imposant des conditions d’éligibilité et ne laissant aucune chance de candidature à ses détracteurs. C’est un crime presque parfait. Même le légendaire artiste Rabah Madjer, à qui le Portugal avait réservé un musée marquant son passage à Porto, n’a pas échappé à la réglementation made in Dély Ibrahim. Malheureusement pour lui, sa stratégie de pourrissement coïncide avec l’arrivée d’Ould Ali El-Hadi au département de la jeunesse et des sports. D’ailleurs, sa déclaration n’est pas passée inaperçue parmi la famille sportive en général et du football en particulier quand il avait annoncé le principe de l’évaluation des mandats.
Déjà, son arrivée à ce département de la jeunesse et des sports était vécue avec amertume par ceux qui ont l’habitude de pêcher en eaux troubles. La manière avec laquelle il avait géré la première crise survenue dans les campings suite au décès d’un vacancier du Sud donnait un aperçu de ce que va être la suite. C’est pourquoi, le ministre ne peut qu’avoir le dernier mot dans ce conflit qui l’oppose à des «gardiens du temple» du sport le plus populaire. Les organes médiatiques qui colportent des rumeurs diffamatoires sans même se soucier des conséquences qui peuvent en découler. Malheureusement pour eux, le citoyen lambda sait pertinemment que la FAF ne doit pas rester éternellement une instance «hors la loi» ; elle est condamnée à conformer sa réglementation avec les lois de la République et donner la chance à tous les sportifs de pouvoir postuler à la présidence de cette institution.
Rabah Boucetta
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