Tillerson attendu à Moscou avec des propositions antiterroristes
Les ministres des Affaires étrangères des 68 pays qui font partie de la grande coalition menée par les Etats-Unis pour lutter contre Daech (organisation interdite en Russie) se sont réunis les 22 et 23 mars à Washington pour la première fois depuis décembre 2014.
Cette rencontre, à laquelle la Russie n’est pas représentée, car Moscou ne fait pas partie de la coalition, est présidée par le Secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson qui se rendra mi-avril à Moscou où, selon certaines informations, il devrait évoquer la lutte conjointe contre le terrorisme. D’après les experts, cette réunion à Washington est destinée à renforcer les positions de négociation du Secrétaire d’Etat avant sa visite en Russie.
«Rayer Daech de la surface de la planète» était l’une des principales promesses de campagne de Donald Trump. Le président américain soulignait également sans cesse que pour atteindre cet objectif, il était prêt à coopérer avec la Russie. Aujourd’hui, le républicain a visiblement décidé de s’occuper de la mise en œuvre de son plan d’élimination des terroristes. Certains analystes ont remarqué que Moscou n’avait pas été invité à la réunion du «club» antiterroriste, mais cela n’a rien d’étonnant : comme l’a expliqué une source diplomatique russe, la Russie ne peut pas participer à une telle réunion et n’a pas l’intention de rejoindre la coalition internationale menée par les USA. Le fait est que du point de vue du droit international, la coalition américaine agit illégalement en Syrie – pour être légitime, il lui faudrait l’autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies ou l’approbation de Damas.
Les USA et la Russie n’ont toujours pas réussi à trouver un terrain d’entente pour désigner qui devait être considéré comme terroriste en Syrie. Par exemple, bien que Jabhat Fatah Al-Sham (ancien Front Al-Nosra, également interdit en Russie) soit reconnu comme une organisation terroriste au niveau international, Moscou accuse Washington, publiquement et à huis clos, de refuser de bombarder les positions de ce groupe. Moscou espère qu’avec l’arrivée de Trump et de sa nouvelle équipe à la Maison-Blanche il sera possible de surmonter ces nombreux différends.
Par ailleurs, les ministres des Affaires étrangères de la coalition réunis à Washington ont évoqué non seulement les agissements de leur pays en Irak et en Syrie, mais également les plans de lutte contre Daech en Libye et dans d’autres régions.
Le problème de la légitimation des actions de la coalition en Syrie reste d’actualité et il est impossible de le régler sans la Russie. Dans le même temps, cette réunion permettra à Rex Tillerson de partir à Moscou avec des propositions très concrètes. Tout bute aujourd’hui sur la volonté politique et la disposition à chercher des compromis. Il est fort probable qu’à l’issue de la visite du Secrétaire d’Etat à Moscou la glace soit rompue.
R. I.