Les officiels saoudiens indésirables en Europe
Les officiels saoudiens ne sont désormais plus les bienvenus en Europe où les ONG locales de défense des droits de l’Homme les ont dans le collimateur en raison des massacres qu’ils ont commis au Yémen. Le porte-parole de la coalition arabe au Yémen, le général saoudien Ahmed Assiri, vient d’ailleurs de le vérifier à ses dépens. Habitué à être reçu en grande pompe en Grande-Bretagne, il a été la cible, jeudi, de jets d’œufs lors de son arrivée à Londres pour participer à un forum sur le Yémen organisé par l’European Council on Foreign Relations.
N’était l’intervention des forces de l’ordre britanniques, l’officier supérieur saoudien aurait sans aucun doute passé un mauvais quart d’heure. Les manifestants à l’origine de l’action ont promis de rendre à l’avenir les séjours des officiels saoudiens à Londres impossibles. Ils ont, par ailleurs, dénoncé avec véhémence le rapprochement avec Riyad entamé par Londres depuis sa décision de quitter l’Union européenne. Selon la presse britannique, la Grande-Bretagne a dû s’excuser auprès de l’Arabie Saoudite pour l’«agression» dont a été victime le porte-parole de la coalition arabe au Yémen.
De nombreuses voix se sont, en outre, élevées sur tout le territoire britannique pour critiquer dans les termes les plus durs l’appui militaire fourni par Londres à la coalition arabe au Yémen. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont les deux principaux fournisseurs d’armes de Riyad. Selon Reuters, en septembre 2016, le Sénat américain a validé la vente de 1,15 milliard de dollars de chars et d’équipements militaires à la maison des Al-Saoud. Londres s’est, quant à elle, retrouvée sous les feux nourris des critiques il y a quelques semaines lorsqu’il a été établi que les Saoudiens utilisaient des armes à sous-munition (particulièrement dangereuses pour les civils et dont l’emploi et interdit par une convention) de fabrication britannique.
L’Arabie Saoudite est régulièrement critiquée pour l’intervention qu’elle dirige au Yémen à la tête d’une coalition arabe dans laquelle font partie le Maroc et le Soudan. Depuis mars 2015, le conflit yéménite a déjà fait plus de 7 700 morts, majoritairement des civils, et 42 500 blessés, selon les Nations unies. Une vraie catastrophe. Un rapport de l’ONU enquêtant sur dix frappes aériennes distinctes menées par l’Arabie Saoudite au Yémen a conclu récemment que la plupart étaient le résultat d’un «processus de ciblage inefficace» et d’attaques délibérées sur des cibles pacifiques. «Sur huit des dix enquêtes qu’ils ont menées, les experts n’ont trouvé aucune preuve que les frappes aériennes visaient des objectifs militaires», écrit le Conseil de sécurité des Nations unies.
«Sur les dix enquêtes, le panel estime qu’il est pratiquement certain que la coalition n’a pas respecté les exigences du droit international humanitaire, qui requiert de la proportionnalité et des précautions dans les attaques (pour limiter les attaques contre les civils)», poursuit le rapport. Les experts considèrent que certaines des attaques peuvent constituer des «crimes de guerre», faisant ainsi écho aux déclarations faites à maintes reprises par des observateurs indépendants depuis le début du conflit.
Khider Cherif
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