Guterres appelle à un suivi indépendant des droits de l’Homme au Sahara occupé
Le nouveau secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, fixe, au titre de ses priorités, le règlement du conflit du Sahara Occidental. Pour y parvenir, il compte relancer le processus de négociations au Sahara Occidental occupé en panne depuis les années 1990 avec une nouvelle dynamique afin de parvenir à une solution politique mutuellement acceptable au conflit opposant le Front au Maroc. «Je prévois de proposer que le processus de négociations soit relancé avec une nouvelle dynamique et un nouvel esprit qui reflète l’orientation du Conseil de sécurité avec l’objectif de parvenir à une solution politique mutuellement acceptable», souligne-t-il dans son rapport sur le Sahara Occidental occupé illégalement par le Maroc depuis plusieurs décennies.
Il a néanmoins estimé que «pour que des progrès soient faits, les négociations doivent être ouvertes aux propositions et idées des deux parties (RASD et Maroc)». Il a soutenu également que «l’Algérie et la Mauritanie, en tant que pays voisins, peuvent et devraient effectuer des contributions importantes à ce processus», a-t-il souligné dans son rapport rendue public ce mardi par la presse américaine à New York et dont Algeriepatriotique s’est procuré une copie. Pour le successeur de Ban Ki-moon, la solution au conflit doit déterminer le statut final du territoire du Sahara Occidental.
Guterres a rappelé que le Conseil de sécurité avait enjoint au secrétariat général de faciliter des négociations directes entre les deux parties (Front Polisario et Maroc) qui doivent aboutir à l’autodétermination du peuple sahraoui. L’appel du nouveau SG des Nations unies à relancer les discussions intervient, rappelle-t-on, après plusieurs mois de tensions entre le Polisario et le Maroc, suite à l’expulsion par Rabat de la composante civile et militaire de la Minurso et à la tentative de l’armée marocaine d’occuper la localité de Guerguerat.
Dans son long rapport, Antonio Guteress a, en outre, exhorté les parties en conflit «à respecter et à promouvoir les droits de l’Homme, en comblant notamment les lacunes constatées et en renforçant leur coopération avec le Haut Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, y compris en facilitant davantage les visites de suivi». Le SG de l’ONU a estimé nécessaire aussi «un suivi indépendant, impartial, exhaustif et soutenu de la situation des droits de l’Homme au Sahara Occidental occupé et dans les camps de réfugiés».
Le SG de l’ONU a, par ailleurs, lancé un appel à la communauté internationale et aux nouveaux donateurs pour augmenter leur contribution financière au programme des réfugiés sahraouis, indiquant que les besoins devraient s’élever à 75 millions de dollars en 2017. Le Conseil de sécurité va procéder le 27 avril à la prorogation du mandat de la Minurso et prévoit deux autres réunions de consultations sur la Mission de l’ONU pour l’organisation du référendum au Sahara Occidental (Minurso) les 19 et 25 avril, selon le programme présenté par les Etats-Unis qui assurent la présidence tournante du Conseil en avril.
A signaler qu’avant même qu’elle n’ait débuté, la nouvelle dynamique voulue par le SG de l’ONU a enregistré un premier acte de défiance de la part du Maroc. Mohammed VI a opposé il y a près de deux mois un refus catégorique au déplacement de l’émissaire onusien, Christopher Ross, à Rabat en vue justement de relancer le processus de négociations au Sahara Occidental. «Un haut responsable du secrétariat général de l’ONU a été informé lors d’une réunion ultérieure que le Maroc n’allait plus recevoir l’envoyé personnel du SG de l’ONU en raison de sa prétendue partialité en faveur du Sahara Occidental», a fait savoir le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. «Le 24 février, j’ai reçu un émissaire du Maroc qui m’a transmis la volonté du roi Mohammed VI de trouver une solution au conflit du Sahara Occidental en confirmant que le Maroc n’allait plus recevoir Christopher Ross», a enchaîné le secrétaire général dans son rapport transmis, lundi, au Conseil de sécurité.
Evoquant le blocage des négociations et le manque de coopération du Maroc qui ont conduit à la démission de l’émissaire onusien, Guterres a indiqué que son prédécesseur, Ban Ki-moon, a évoqué, en marge de la COP 22, la nécessite de relancer les négociations avec le roi Mohammed VI mais ce dernier lui a répondu qu’il ne pouvait recevoir Ross à Rabat avant un long périple africain qu’il devait, alors, effectuer.
Le chef de l’ONU a ajouté que Christopher Ross lui a envoyé, le 23 janvier, sa lettre de démission effective. Le chef de l’ONU a regretté, à ce propos, le fait de ne pas mettre à profit le cadre des négociations mis en place grâce aux deux navettes diplomatiques menées par Ross dans la région afin de s’engager dans une solution au conflit conformément aux orientations du Conseil de sécurité.
Khider Cherif
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