Fillon et Macron se livrent bataille : la guerre d’Algérie s’invite dans la course à l’Elysée
Le candidat des Républicains à la présidentielle française a taclé son rival du mouvement En Marche ! lors d’un meeting animé dans le sud de la France, ce vendredi. François Fillon s’en est pris à Emmanuel Macron pour ses propos sur la colonisation qu’il a tenus durant sa courte visite en Algérie. Fillon a profité de son passage dans la ville de Perpignan pour tenter de gagner les voix des harkis à travers leurs descendants auxquels il a rendu visite, dans l’espoir de glaner des voix lors du scrutin qui doit se tenir dans une semaine, sur fond de scandales financiers et de craintes d’un faible taux de participation des électeurs.
Lors de ce déplacement, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy a rendu hommage aux «Français d’Algérie qui ont vécu l’injustice» et aux harkis «qui n’ont pas été traités dignement par la France», selon l’agence de presse Reuters. Il n’a pas manqué de tacler celui que les sondages donnent comme probable vainqueur au premier tour de la présidentielle, loin devant Fillon. «On ne peut pas aujourd’hui parler de l’Algérie comme certains en parlent, en allant jusqu’à évoquer des crimes contre l’humanité, sans commettre un énorme contresens historique», a-t-il asséné, toujours selon Reuters. Et d’enchaîner, louant les bienfaits du colonialisme qu’il présente comme une fatalité. «La colonisation a été un élément de l’histoire de toutes les civilisations. Il n’y a pas une civilisation qui n’a pas colonisé ses voisins et, nous-mêmes, nous avons été colonisés», a-t-il affirmé, pour couvrir les crimes commis par la France durant ses 132 années de présence en Algérie.
Les candidats à la succession de François Hollande convergent vers une instrumentalisation criante de l’histoire à des fins électoralistes. «Moi, je veux qu’on soit fiers de notre histoire», s’est écrié le candidat qui préconise l’introduction de cette partie peu honorable du passé de la France dans les programmes scolaires.
François Fillon, à l’instar de ses principaux adversaires dans la course à l’Elysée, voit en les harkis et leurs descendants une réserve de voix non négligeable. Pour contrer son rival Emmanuel Macron qui, lui, semble miser sur la communauté algérienne établie en France et veut amorcer un nouveau départ dans les relations algéro-françaises dans le cas où il serait élu, Fillon tente d’amadouer les harkis envers lesquels, a-t-il soutenu, «la France n’en a pas fait assez», promettant de «répondre à leurs attentes».
Karim Bouali
Comment (24)