Les prisonniers palestiniens poursuivent leur grève de la faim
Les 1 500 détenus palestiniens en grève de la faim dans les prisons israéliennes ont poursuivi mercredi leur mouvement de protestation contre les mesures répressives de l’occupation israélienne qui a interdit les visites aux grévistes, a déploré le responsable palestinien, Isaa Qaraqaa. Environ 1 500 détenus palestiniens, selon l’Autorité palestinienne, ont entamé lundi un bras de fer avec les autorités d’occupation israéliennes en refusant de se nourrir.
Aussitôt, l’administration pénitentiaire de l’occupation a transféré le détenu Marwan Barghouthi, initiateur de la grève, et l’a placé à l’isolement dans la prison de Jalame, a indiqué Issa Qaraqaa, chargé des prisonniers au sein de l’Autorité palestinienne et lui-même un ancien détenu. Agé de 57 ans, Marwan Barghouthi a été condamné à cinq peines de prison à perpétuité lors de la deuxième Intifadha (2000-2005). La grève a été décidée «après des mois de négociations vaines» avec l’administration pénitentiaire israélienne, a expliqué Qaraqaa.
Dès lors, si les réclamations des détenus ne sont pas entendues, «davantage de prisonniers rejoindront la grève», a-t-il dit, allant jusqu’à prédire que «90%» des 6 500 détenus palestiniens pourraient refuser de s’alimenter «d’ici dix jours». Qaraqaa a, en outre, fait savoir que les visites d’avocats et de proches sont désormais interdites aux grévistes, et a dénoncé auprès de diplomates réunis, mercredi, à Ramallah, en Cisjordanie, de telles «incitations à la haine».
Pour sa part, Chaawane Jabarine, qui dirige l’ONG palestinienne des droits de l’Homme Al-Haq, s’est inquiété de la possible application d’une loi israélienne adoptée en 2015 et très controversée qui permet de nourrir de force des détenus en grève de la faim. De telles pratiques «s’apparentent à de la torture», a-t-il affirmé. Elles «peuvent mettre en danger la vie des grévistes de la faim qui n’ingurgitent plus depuis trois jours que de l’eau et du sel», a-t-il mis en garde. Face au risque d’escalade, les Palestiniens ont «demandé à la communauté internationale et à l’ONU d’intervenir immédiatement», a-t-il encore expliqué. Car «si la grève dure, nous pourrons avoir des martyrs et cela signifierait l’explosion pour les Palestiniens. Cela mènerait à une nouvelle intifadha».
La question des prisonniers est cruciale pour les Palestiniens, alors que 850 000 d’entre eux ont été incarcérés depuis l’occupation en 1967 des Territoires palestiniens. Les dirigeants palestiniens ont d’ailleurs soumis cette question à l’examen de la Cour pénale internationale (CPI) qu’ils ont récemment rejointe. «Les pays qui ont signé les accords internationaux», notamment la Convention de Genève sur les prisonniers, «ne doivent pas permettre que l’occupant (israélien) soit au-dessus des lois», a plaidé la députée palestinienne Khalida Jarrar, elle-même récemment sortie de prison.
La dernière grève massive dans les prisons israéliennes remonte à février 2013, lorsque 3 000 Palestiniens avaient refusé de se nourrir durant une journée pour protester contre la mort en détention d’un des leurs. Parmi les 6 500 Palestiniens actuellement détenus dans les geôles israéliennes figurent 62 femmes et 300 mineurs. Environ 500 d’entre eux sont sous le régime extra-judiciaire de la détention administrative qui permet une incarcération sans procès, ni inculpation. 13 députés sont aussi emprisonnés.
R. I.
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