Et si Le Pen n’était que la candidate du système ?
Par Arezki Hatem – Et si présence de la candidate de l’extrême droite française au second tour de la course pour le siège à la fois douillet et épineux du palais de l’Elysée n’était que le vœu le plus pieux des gardiens de l’ordre établi, le mystérieux et ésotérique groupe des magnats de la finance et de l’ultralibéralisme ?
Le spectre Marine Le Pen et le Front républicain
A quelques mois de l’élection présidentielle française, le candidat de la droite, François Fillon, caracolait en tête des sondages. Lui, l’homme du système, ancien cacique du pouvoir politique en France, était perçu comme une menace pour les adeptes extrémistes de l’ultralibéralisme économique : le candidat de la droite était, bien que capitaliste convaincu, aux antipodes avec l’ultralibéralisme prôné par les nouveaux capitalistes de la sphère économique mondiale qui enfoncent même leurs sales museaux dans les milieux les plus improbables du globe, pourtant invraisemblable avec les «valeurs démocratiques» qu’ils défendent à longueur de journées !
Donc, dehors Fillon ! Et pour arriver à leurs fins, les décideurs de l’ombre actionnèrent en un laps de temps leur machine médiatique, dont la grande majorité des grands réseaux, journaux à grand tirage, journaux électroniques… sont tombés depuis longtemps dans leur nasse tissée avec du fil d’airain.
Il fallait abattre le candidat Fillon, le désarçonner et le décrocher de la place de favori à la présidentielle française : son programme politique et économique n’était pas en diapason avec la politique économique sans contrainte inscrite dans les desseins mercantilistes et hégémoniques du groupe restreint et hermétiquement fermé du pouvoir décisionnel français. Le vrai.
Les médias de service, ameutés, se lancent dans une campagne incroyablement effilée, coupant jusqu’à l’os les chances de Fillon de briguer le prochain mandat présidentiel. Certes, les affaires dont il a été impliqué sont corroborées par des preuves, mais le temps choisi et la violence dont l’attaque a été menée sont loin de répondre seulement au principe de la consécration de la justice, mais vont au-delà de cet impératif républicain : jeter la voilure sur l’avenir politique de François Fillon.
Jean-Luc Mélenchon et l’aura surprise de la France insoumise
Au début de la campagne médiatique contre François Fillon, le candidat de la France insoumise a même bénéficié de l’indulgence des médias hexagonaux : de larges manchettes ont été consacrées à Mélenchon, invitations en chaîne par les médias audiovisuels les plus influents…
Mais dès que la popularité du candidat de la France insoumise commença à s’élargir, conséquence de son discours clair, ses propositions sensées pour une véritable sortie de crise, sa conception humaniste de la question migratoire, les gardiens du temple du tout libéral donnèrent le signal à leurs hérauts de lancer une campagne de dénigrement à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon, le traitant de «bolivarien», de «communiste» et de «bourreau» de la France, s’apprêtant à la livrer aux étrangers !
Et comme pour assommer les chances du candidat de la France profonde, l’attentat sur l’avenue des Champs-Elysées est venu telle une aubaine inespérée pour les fossoyeurs de Jean-Luc Mélenchon.
Marine Le Pen, la candidate-alibi du système
Les stratèges du système ultralibéral ont magistralement réussi à faire de la présidente du Front national la «concurrente» de Macron, pour le deuxième tour de l’élection présidentielle française. Or, il est du domaine du simplisme, pour les observateurs avisés de la scène politique française, que la présence de Le Pen au deuxième tour est une consécration sans une once de doute pour le candidat Macron. Car le favori du système, Emmanuel Macron, aura toute la latitude de battre Marine Le Pen au second tour. Et pour cause : un front républicain se met en place, avec une célérité inouïe, pour empêcher l’extrême droite de «s’emparer» de la France, berceau de la démocratie et des valeurs républicaines.
En somme, l’élection de Macron est assurée, de par une mise en scène qui a le génie cynique de faire l’effet d’un parfait trompe-l’œil sur les yeux des électeurs, croyant fermement que leur geste électoral est salvateur pour la France des lumières…
A. H.
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