Les tragédies démocratiques (II)

Par Mesloub Khider – C’est au nom de la démocratie que les pires tragédies ont été perpétrées. La liste ne serait pas exhaustive d’énumérer le nombre de massacres commis par les pays «démocratiques».

Par exemple, qu’il nous suffise de rappeler les bombardements perpétrés contre les villes de Dresde et de Hambourg par les alliés démocratiques à la fin de la Seconde Guerre mondiale, faisant des centaines de milliers de morts en quelques jours. Alors que ces villes n’abritaient aucune cible militaire. Et l’Allemagne nazie, agonisante, était déjà encerclée et défaite. Le but non avoué était de terroriser les masses allemandes pour désamorcer toute velléité de soulèvement révolutionnaire, comme elles le firent à la fin de la première boucherie mondiale. 

D’autre part, il faut rappeler les bombardements atomiques perpétrés contre le Japon par la première puissance démocratique mondiale, la dénommée Amérique. Alors que la guerre était achevée et le Japon s’apprêtait à signer sa reddition, l’armistice. 
En fait, ces bombardements atomiques étaient motivés par des raisons stratégiques. Le but non avoué visait l’URSS. En effet, enhardie par ses victoires inespérées en Europe centrale et de l’Est, l’URSS espérait aussi étendre son emprise (empire) sur le reste de la planète, notamment en Asie. Les bombardements atomiques du Japon ont sonné comme un avertissement aux Russes : «Si vous vous avisez à vouloir occuper d’autres pays stratégiques et importants pour les Etats-Unis, voilà ce qui vous attend.» La Russie impérialiste de Staline, cette dictature assimilée mensongèrement au communisme – mais qui, en réalité, était un pays fondé sur un capitalisme d’Etat) – dépourvue de bombe atomique à cette époque, a plié. Et elle s’est résolue à se replier sur sa chasse gardée est-européenne.

L’autre raison fondamentale, qu’il ne faut pas négliger, c’est qu’il fallait «essayer» cette bombe atomique fraîchement découverte et nouvellement construite. Hiroshima et Nagasaki ont ainsi constitué pour la première démocratie impérialiste américaine les premières bases d’essai grandeur nature. 

Toujours à la même époque, le jour même où la France démocratique fêtait le 8 Mai 1945 dans le bonheur sa libération de l’occupation allemande, son instinct bestial colonialiste s’est manifesté dans toute son horreur par le massacre de milliers d’Algériens. Parce qu’ils avaient eu le tort de réclamer, eux aussi, leur libération du joug colonial. Plus tard, c’est autour des Malgaches de subir le même sort de la part de la France démocratique. Sans oublier les Vietnamiens.

Les Africains. Enfin, il ne faut pas oublier que longtemps les principaux pays dits démocratiques, la France, l’Angleterre, les Etats-Unis, soumettaient sous leur joug colonial des millions de personnes pour les deux premiers pays, et sous la férule de l’esclavage des millions de leurs concitoyens en ce qui concerne le troisième pays. Et se souvenir aussi du code de l’indigénat en vigueur dans l’Algérie coloniale, promulgué par la France démocratique.

Aujourd’hui, à l’ère de la démocratie triomphale sous la férule du capitalisme considéré comme l’horizon indépassable partout dans le monde, jamais, depuis la fin de la dernière guerre mondiale, il n’y eut autant de guerres à travers le monde, de massacres, d’exodes massifs, de chômeurs aux quatre coins de la planète, de misère, de famine, et encore avec plus d’acuité de terrorismes. Et maintenant, de menaces de destruction atomique de la planète et de l’humanité. Et c’est toujours au nom de la démocratie qu’on continue à tuer, à massacrer, à exploiter, à opprimer, à envahir des pays, à détruire ces pays.

En vérité, derrière la démocratie se dissimule la pire des dictatures, nommée le capitalisme mondialisé et impérialiste : ce système capitaliste générateur d’exploitation, de misère, de chômage, pourvoyeur de guerres, de terrorismes, d’exodes.

La démocratie, cette dictature en sommeil, n’est en vrai qu’un leurre pour les classes populaires. Cette forme de gouvernement instaurée par les classes dominantes disparaîtra avec la fin de la société de classes. Car, dans la future société humaine sans classes, comme l’a écrit Friedrich Engels : «Le gouvernement des personnes fera place à l’administration des choses et à la direction de la production. La société libre ne peut pas tolérer un Etat entre elle et ses membres.»

Demain, une fois le système capitaliste anéanti, la nouvelle communauté universelle humaine saura inventer le moment venu une nouvelle forme de gouvernance, éloignée des délégations de pouvoir et des représentations théâtrales actuelles proposées par les spectacles électoraux pour divertir le peuple asservi pour le grand profit des classes parasitaires dominantes.

Et comme le chantait le grand poète Matoub Lounès, mort prématurément, dans sa célèbre chanson intitulée Ughuru (imposture), jamais un prolétaire n’accédera au pouvoir dans le cadre de cette société inique, société où la classe dominante contrôle tous les leviers du pouvoir :
Ulaygher nerdja asirem
Ma nesenned f’sber
Amsedrar ur ihêkkem
Ghas yeghra yezwer 
(…)
F ssber ur nettsennid
Skud mazal tarwa n lehlal
Ur s-nkennu I lqid

Il n’est pas d’espoir à guetter,
En s’accotant sur la patience.
Le montagnard (ou le prolétaire) ne verra pas son règne,
Fût-il savant et esprit sagace.
(…)
Nous refusons de nous accoter sur la patience.
Tant que naîtront les enfants de la probité,
Insurrection, pas de soumission aux jougs !

M. K.

Comment (3)

    Anonymous
    8 mai 2017 - 6 h 56 min

    Un grand homme a dit: «La
    Un grand homme a dit: «La démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres.»
    Mr Mesloub, avez vous un autre système a proposer en attendant l’avenant de cette société utopique?

    jughurta
    7 mai 2017 - 8 h 55 min

    Matoub contrairement à ce que
    Matoub contrairement à ce que l’ on pourrais penser detesté la france, il vouait comme un culte aux moudjahidS de la guerre de libération national et son plus grand rêve était de participer à la guerre. La preuve à 5 ans ( 1961) il a brûlé plusieurs hectares qui ont dépêché bon nombres de colons sur place quand ils ont vu que c’ était un petit gamin, ils sont repartis. Il aimait la patrie, la nation et était passionné d’ histoire Algérienne. C’ est un homme qui a remis au goût du jour de manière définitive, tsirougza et soif de justice.

    Anonymous
    7 mai 2017 - 4 h 39 min

    Un bouquin extraordinaire à
    Un bouquin extraordinaire à lire sur le sujet , d’autant plus que l’Algérie y figure , CONTRE-HISTOIRE DU LIBÉRALISME , Domenico Losurdo , Édition LA DÉCOUVERTE Paris , traduit de l’italien .
    La démonstration magistrale que la France officielle a bel et bien tenté de faire disparaitre corps et âme les algériens

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