Le RPK : «L’abstention aux législatives est une défaite du pouvoir»
Le Rassemblement pour la Kabylie (RPK), nouveau mouvement qui milite pour l’autonomie régionale, considère que le rejet net des législatives à travers l’abstention massive et les bulletins blancs reflète le «ras le bol civique des Algériens». Ce mouvement, qui a appelé au boycott de ce scrutin, estime que le fort taux d’abstention (plus de 62%) «invalide de fait toute légitimité populaire à la nouvelle Assemblée».
«Le pouvoir, en premier lieu, et la classe politique ayant participé à cette imposture électorale, en second lieu, sont aujourd’hui face à leurs responsabilités», estime ce mouvement, qui s’inscrit dans une Algérie plurielle et s’oppose clairement aux idées extrêmes véhiculées notamment par le MAK de Ferhat Mehenni. Le RPK dénonce les attaques des participationnistes contres les abstentionnistes. «Essayer de justifier cette débâcle en stigmatisant les partisans du boycott, c’est s’engager à nouveau dans une politique de fuite en avant. C’est, en effet, faire preuve d’inconséquence politique et d’autisme face aux attentes réelles des citoyens que de vouloir se justifier par cet argument, alors que la faute est d’avoir cautionné un guet-apens politique orchestré par le pouvoir», souligne ce mouvement dans une déclaration transmise à notre rédaction.
Ce mouvement, créé par des universitaires et des militants de la société civile qui veulent faire de la spécificité régionale un véritable atout de développement, estime qu’il n’y a pas eu victoire des boycotteurs, mais plutôt une «une défaite du pouvoir autoritaire qui veut maintenir les citoyens dans l’infantilisme politique tout en continuant honteusement à gérer l’Algérie sous une forme de régence». Il considère que «la réponse de la jeunesse, à travers les réseaux sociaux et sur le terrain, à cette dégradante méprise en est la parfaite illustration». «En mettant à nu, à travers même la dérision, les dérives d’un système politique obsolète, les citoyens ont exprimé fortement leur indignation», poursuit le RPK, pour lequel «en Kabylie, comme c’est le cas de la dernière élection pour la présidentielle, le vote n’a quasiment pas eu lieu, disqualifiant la participation de ses partis traditionnels pour avoir coupé avec ses aspirations et ses préoccupations».
Il estime que «le peuple kabyle n’a pas vocation à aller voter contre lui-même et participer à institutionnaliser sa propre négation». «On ne peut occulter, ajoute-t-on, son aspiration profonde et légitime à affirmer son existence et à vivre dans sa culture et à travers ses valeurs.» Dans ce contexte, le RPK se projette dans l’avenir «sur une ligne claire et sans ambiguïtés en fondant son projet sur la reconnaissance d’un statut politique d’autonomie de la Kabylie».
Le RPK se dit capable de «rassembler toutes les forces, toutes les énergies, toutes les compétences pour bâtir les convergences dans la clarté et dans un climat responsable entre les différentes sensibilités représentant l’opposition démocratique en Kabylie et qui mettent la Kabylie au cœur de leur projet». Il appelle ainsi à l’ouverture d’un véritable débat sur les questions fondamentales qui concernent le pays. «Le changement politique ne peut intervenir que si le processus électoral vise comme objectif premier l’alternance au pouvoir et la fin de la gestion clanique et oligarchique de l’Etat», soutient ce mouvement, qui espère que les décideurs tirent les leçons de ce scrutin en interprétant lucidement cette abstention électorale comme un avertissement.
Hani Abdi
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