Abderrahmane Belayat à Algeriepatriotique : «Ould-Abbès doit rendre des comptes !»
Abderrahmane Belayat, qui coordonne l’action de la direction unifiée pour la sauvegarde du FLN, revient sur les derniers développements que connaît ce parti, notamment l’appel signé par des membres du Comité central dans lequel ils demandent à Djamel Ould-Abbès de démissionner de son poste. Il explique le fond de la crise et ne voit d’autre solution que la mise en place d’une instance de transition sous l’autorité du président du parti qui n’est autre que le président Bouteflika. Abderrahmane Belayat assure que les candidats FLN aux dernières législatives ont été désignés par un «comité clandestin» au dehors des instances du parti.
Algeriepatriotique : des membres du comité central du FLN réclament la démission de Djamel Ould-Abbès en raison de la baisse (par rapport à 2012) du nombre de sièges obtenus lors des élections législatives du 4 mai. Adhérez-vous à cet appel ?
Abderrahmane Belayat : je ne suis pas de ceux qui prennent le train en marche. Nous n’avons pas attendu ce scrutin pour alerter sur la destruction en marche du FLN. Dès le départ, nous avons averti, dénoncé et mis en garde contre le coup d’Etat opéré le 29 août 2013. Depuis, nous n’avons pas renoncé au combat pour rendre le FLN à ses authentiques militants. Ceux qui ont cautionné, par leur silence, cette dérive dangereuse pour le parti viennent de se réveiller. Ce n’est pas une mauvaise chose. Grand bien leur fasse et qu’ils ne s’arrêtent pas en si bon chemin.
Pensez-vous que Djamel Ould-Abbès soit le seul responsable des résultats du FLN aux législatives ?
Les résultats obtenus lors de ces élections législatives étaient attendus. Pourquoi ? Parce que les listes de candidatures ont été confectionnées par un comité clandestin, ce que n’osera jamais dire Djamel Ould-Abbès. Le fonctionnement normal du parti veut que la sélection des candidats à une élection se fasse par le bureau politique ; ce dernier a été écarté de cette opération et a laissé Ould-Abbès agir seul. Le résultat est sans appel. Djamel Ould-Abbès a confié la tâche à ce comité clandestin, qui a écarté les vrais militants qui ont audience auprès du peuple et même les sympathisants. Des intrus ont été ainsi mis sur les listes du FLN. C’est la première fois qu’un responsable du FLN décide «seul» des candidats à une élection en ignorant les instances du parti. Cela n’a jamais été fait ni par Ben Bella, ni par Boumediène, ni par Chadli, ni par Mehri, ni par Benhamouda, ni par Abdelaziz Belkhadem.
Appuyez-vous cette exigence de démission de Djamel Ould-Abbès ?
Je disais que notre combat pour le retour à la légitimité statutaire et au fonctionnement réglementaire du parti est antérieur à la désignation de Djamel Ould-Abbès comme gestionnaire du parti. Et nous ne nous sommes jamais détournés de cet objectif qui est de remettre le FLN sur rail.
Aujourd’hui, Djamel Ould-Abbès, qui n’a jamais été élu secrétaire général du FLN, doit rendre des comptes de sa gestion unilatérale du parti. Notre combat ne vise pas à changer un nom par un autre. Nous luttons pour que le FLN revienne à ses véritables militants. Nous disons ainsi à tous ceux qui sont jaloux et soucieux de l’avenir de leur parti que nous sommes disposés à apporter notre contribution à son sauvetage.
Comment ?
Nous appelons depuis 2013 à une organisation, une structure ou instance de transition qui serait placée sous la haute autorité du président du parti. Cette proposition reste d’actualité. Elle est la seule solution à la crise dans laquelle se débat le parti depuis presque quatre ans.
Le comité central est la plus haute instance habilitée à élire le secrétaire général et même à convoquer un congrès extraordinaire. Pourquoi donc voulez-vous une instance de transition ?
Si nous demandons une instance de transition, c’est parce que, depuis 2013, le FLN ne s’est pas doté d’une instance dirigeante légitime, issue de la base militante à travers la tenue d’un congrès selon les exigences des statuts et du règlement intérieur du parti. L’actuel comité central est issu d’un congrès taillé sur mesure, duquel a été exclue la base militante. D’ailleurs, sa composante est inconnue et incertaine.
L’actuel secrétaire général n’a pas été élu. Son bureau politique s’est disqualifié. On ne peut pas, de ce fait, s’accrocher à des instances illégitimes et totalement discréditées. Il faut donc une organisation transitoire au sommet, qui préparera le terrain pour élire des instances légitimes et de manière légale.
Nous réitérons dans ce contexte notre appel au président du parti afin qu’il agisse et permette la mise en place de cette instance de sauvetage du FLN. C’est une urgence impérieuse pour éviter une véritable catastrophe lors des prochaines élections des assemblées communales et de wilaya.
Que faites-vous concrètement, au sein de la direction unifiée que vous dirigez, pour enclencher ce processus de transition et redresser le parti ?
Nous sommes en contact permanent avec la base militante du parti. Nous sommes également en contact avec les cadres du FLN, les élus locaux et les parlementaires. Ne n’avons jamais déserté le terrain des luttes pour la préservation de notre parti. Nous ne baisserons pas les bras tant que le FLN n’est pas, à nouveau, entre des mains sûres, celles de ses authentiques militants.
Propos recueillis par Hani Abdi
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