Le MSP implose : Mokri menace de démissionner, Soltani prêt à être ministre
Abderrezak Mokri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), a fait savoir dans un entretien au quotidien Echorouk qu’il démissionnerait de son poste au sein du parti si le madjliss echoura national acceptait l’offre d’entrée au gouvernement formulée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, au nom du président Bouteflika. Mokri précise que lui et les membres du bureau national du MSP qui l’accompagnaient dans sa rencontre avec Sellal, lui ont déjà signifié leur refus de participer au futur gouvernement. Mokri se place dans l’opposition et le confirme en maintenant ses accusations de fraude qui aurait privé le MSP de la victoire.
Simultanément, un avis contraire est exprimé par Aboudjerra Soltani, ex-président du MSP, qui affirme que s’il avait été encore à la tête du parti, il entrerait au gouvernement «les yeux fermés». Il se contredit juste après en avançant comme conditions qu’il choisirait lui-même le portefeuille ministériel qu’il estime lui convenir et suggère aussi qu’il devrait avoir son avis sur la composition du gouvernement. Mais sa déclaration est suffisamment explicite pour ressembler à une «demande d’emploi» comme ministre… à tout prix. Soltani se voit, d’ailleurs, déjà dans le gouvernement et évoque par anticipation l’impact de son action.
Ces déclarations publiques et contradictoires de deux dirigeants du MSP prouvent que la scène d’une nouvelle implosion du parti fondé par Mahfoud Nahnah a commencé, alors que les élections législatives du 4 mai avaient donné l’impression, à travers leur liste commune, que le moment était plutôt aux retrouvailles et à l’union entre Mokri et un autre dirigeant de premier plan, Abdelmadjid Menasra, qui avait quitté le MSP pour fonder sa propre formation politique. A ce propos, il n’est pas exclu qu’en cas de refus de confirmation par le madjliss du refus, la même offre ne soit pas adressée, si ce n’est encore fait, à Menasra et, sans doute, à Aboudjerra Soltani qui a montré des dispositions favorables.
Ce dernier ne craint pas la division au sein du MSP que risque d’entraîner un conflit interne entre ceux qui acceptent l’offre présidentielle d’entrer au gouvernement et ceux qui la refusent. C’est déjà arrivé, dit-il. Il prône l’alternance entre participation et non-participation au gouvernement, érigée en principe de «bon fonctionnement» d’un parti politique. L’implosion du MSP est donc dans l’air. Les deux positions, celle de Mokri, qui se place résolument dans l’opposition, et celle de Soltani, participationniste, sont irréductibles.
L’instance du MSP appelée à trancher pourrait accepter l’offre de Bouteflika, tenant compte de l’échec de la liste islamiste emmenée par le duo Mokri-Menasra, qui traduit une position de faiblesse de ce courant dans l’électorat, même si l’échec est imputé à la fraude. Mais c’est certainement le facteur «abstention aggravée par les bulletins nuls et blancs» qui va peser dans la décision. Le MSP, qui est sorti du gouvernement dans un contexte relativement meilleur pour le pouvoir, va-t-il y retourner dans les conditions d’isolement révélées par la sourde oreille des électeurs aux appels au vote massif ? Sans oublier la perspective 2019 de l’élection présidentielle, qui nourrit maintenant les ambitions de presque tout le personnel politique, dans le pouvoir et dans l’opposition.
Pour rappel, c’est Mokri lui-même qui a annoncé avec empressement, dans une déclaration publiée sur sa page Facebook, avoir rencontré mercredi le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui lui a proposé l’entrée au gouvernement du MSP, en précisant qu’il transmettait ainsi une demande du président Bouteflika. Dans cette déclaration, Mokri a indiqué avoir répondu qu’une telle décision est du ressort du madjliss echoura national, qui se réunira après la décision du Conseil constitutionnel sur les recours.
Houari Achouri
Comment (32)