L’Allemagne remet sur le tapis le dossier des sans-papiers algériens à expulser
Le communiqué du ministère de l’Intérieur est protocolaire et la dépêche de l’APS laconique. «Le ministre de l’Intérieur a reçu le représentant personnel de la chancelière allemande et coordinateur du gouvernement fédéral chargé des questions de l’immigration. L’audience s’est déroulée en présence du directeur général de la Sûreté nationale, du commandant de la Gendarmerie nationale et du directeur général de la Protection civile.» Si la dépêche ne dit rien sur l’objet de cette visite, il est aisé de penser que Berlin a dépêché son émissaire dans le but clair de remettre sur la table le dossier des sans-papiers algériens à expulser.
La chancelière allemande, Angela Merkel, n’a pas caché son souhait de voir les ressortissants algériens déboutés du droit d’asile en Allemagne renvoyés plus rapidement qu’aujourd’hui dans leur pays, lors de l’audience qu’elle a accordée à Abdelmalek Sellal en visite à Berlin en janvier 2016. Un accord censé organiser leur retour en Algérie existe sur le papier depuis des années «mais il faut faire en sorte qu’il fonctionne de manière appropriée», a déclaré Mme Merkel lors d’une conférence de presse au côté du Premier ministre algérien. La chancelière a ajouté être convenue avec Abdelmalek Sellal d’une meilleure coopération sur le sujet entre les deux pays, notamment sur le plan policier.
Sellal est toutefois resté prudent, faisant valoir qu’avant tout renvoi en Algérie «il faut naturellement s’assurer qu’il s’agit bien d’Algériens». Il a aussi souligné que s’il se confirme que des Algériens ont participé aux violences du Nouvel An à Cologne, incluant notamment des violences en série contre les femmes, «alors je peux vous assurer en tant qu’Algérien que ce serait inacceptable».
Pour rappel, il existe un accord algéro-allemand signé en 2006 sur la question du rapatriement des Algériens sans papiers. L’accord en question a été signé en 1997 à Bonn, puis ratifié par l’Algérie en février 2006. Il stipule clairement que la reconduite des ressortissants algériens en situation illégale s’effectue par voie aérienne, sur des vols réguliers et pour un nombre de personnes ne pouvant dépasser 30 à la fois par vol, compte tenu des contraintes de sécurité et du coût de ces opérations jusqu’aux frontières de l’Etat destinataire qu’incombe à la partie allemande.
La position de l’Algérie est claire à ce sujet. Elle demande à ce qu’il soit prouvé que les concernés par cette procédure de rapatriement soient bien des Algériens avant d’approuver leur «réadmission».
Enfin, Alger n’accepte pas de faire du Maghreb un immense centre de transit pour migrants clandestins et faire ainsi le gendarme pour une Europe qui se barricade.
Ramdane Yacine
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