Le nouveau Premier ministre à l’épreuve de la cohésion gouvernementale
La nomination d’un nouveau Premier ministre au lieu de la reconduction de l’ancien, comme cela est déjà arrivé après les élections, est-elle un gage suffisant de plus grande efficience dans l’action gouvernementale dans le contexte actuel dominé par des défis persistants comme celui posé par la situation économique et financière difficile que traverse le pays ou celui, sécuritaire, nettement plus sensible, imposé par l’environnement régional caractérisé par l’instabilité dans les pays voisins et la menace terroriste qui résulte particulièrement des activités de groupes armés en Libye ?
Tout dépendra de la cohésion de l’équipe gouvernementale qui sera constituée et de la solidarité attendue entre les ministres mais aussi de l’autorité réelle qu’aura le Premier ministre sur l’Exécutif dont il a la charge de coordonner l’action. Abdelmadjid Tebboune pourra-t-il peser suffisamment dans le choix des personnalités qui auront à assumer des charges ministérielles dans le prochain gouvernement et bénéficier, au départ, de conditions qui garantissent la cohésion de l’Exécutif ?
Les apparences de manque de cohésion illustrées par des divergences perceptibles dans les déclarations de ministres et, pis encore, par des activités contradictoires sur le terrain, sont préjudiciables, on le sait, à la crédibilité de tout un gouvernement. Cette situation fâcheuse n’est pas une fatalité mais elle constitue aussi une éventualité à ne pas exclure, surtout quand il s’agit d’un gouvernement de coalition entre plusieurs partis qui ne sont unis que par leur soutien au président de la République et qui n’ont pas forcément la même vision, pour ne pas dire qu’ils sont carrément concurrents, d’autant plus que la perspective de l’élection présidentielle qui se présente est de nature à attiser les ambitions partisanes.
La cacophonie au sein du gouvernement est malvenue
Ce risque existe quand il s’agit de traduire le programme présidentiel sur le terrain et exprimer en actions concrètes les réformes dont tout le monde parle sans que, forcément, tous aient la même finalité, surtout quand ces réformes sont accompagnées de l’exigence de maintenir le devoir social de l’Etat.
L’action d’Abdelmadjid Tebboune dépendra également, et c’est sans doute, le plus primordial, de l’adhésion de la population à l’action gouvernementale autour de la réalisation de son plan d’action destiné justement à répondre aux besoins des Algériens. Or, pour adhérer à son action, les citoyens jugeront le gouvernement sur sa capacité d’être à leur écoute, sur sa volonté de faire participer le plus grand nombre à l’élaboration et la mise en œuvre des actions sur le terrain. Les jeunes qui se sentent mis à l’écart ont besoin d’être convaincus qu’il y a une attention réelle apportée à leurs préoccupations qui se résument tout simplement à une bonne qualité de l’enseignement et de la formation pour qu’ils aient un emploi de qualité et puissent participer à l’effort économique. Comment le gouvernement Tebboune va-t-il faire pour montrer qu’il veut intégrer les jeunes à la vie de la nation ?
Il faut constater, à ce propos, que le nouveau Premier ministre part avec un handicap évident qui se matérialise dans le déficit d’adhésion populaire, particulièrement chez les jeunes, traduit dernièrement dans la faible participation à tous les stades du processus des élections législatives, qu’il s’agisse de la campagne électorale ou des opérations de vote elles-mêmes.
Houari Achouri
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