Hocine Rizou succombe au piège de l’immoralité
Par Youcef Benzatat – C’est parce que nous vivons sous l’autorité d’un Etat de non-droit, par un pouvoir usurpé, rentier et corrompu, que l’affaire du PDG de Naftal est devenue possible.
Cet Etat ne peut tolérer un individu qui pourchasse l’immoralité, car cet Etat est lui-même immoral. Il ne peut donc tolérer un individu qui pourchasse cette qualité qui le caractérise.
Hocine Rizou, puisque c’est de cet individu qu’il s’agit dans cette affaire, est de plus un cadre supérieur de l’Etat, PDG de l’entreprise publique Naftal de son état. Voulant moraliser l’entreprise dont il est responsable, il s’est mis à pourchasser les pratiques illégales de recrutement du personnel : népotisme, incompatibilité de l’affectation et de la compétence du salarié, attribution de salaires arbitraires, ne tenant compte ni du statut, ni de la fonction, enfin, tout ce qui est commun aux pratiques de fonctionnement des entreprises publiques. Son objectif va au-delà d’une simple moralisation de l’entreprise, mais de rationaliser tout le fonctionnement de ses ressources humaines pour optimiser son rendement.
Par son action, ce PDG, en contrariant le mode de fonctionnement de la gestion des entreprises publiques, s’est attiré la foudre de tous les parasites qui gravitent autour de la rente : syndicats et médias satellites du pouvoir, cadres cooptés ou recrutés par des passe-droit et, surtout, les autorités hiérarchiques qui sont dépourvues du sens de l’intérêt général. Ce comportement s’avère être intolérable par un pouvoir qui fonctionne contre l’intérêt supérieur de la nation, de son économie, de son développement et de ses finances et dont le seul souci est l’enrichissement personnel.
Hocine Rizou, par excès de naïveté, s’est retrouvé seul contre le système, qui est sans scrupules devant un tel affront. Beaucoup avant lui se sont essayés dans ce genre de mésaventures, ils l’ont payé cash, jusqu’à leur anéantissement. Le piège s’est refermé tellement violemment sur lui au point qu’il se retrouve à l’hôpital entre la vie et la mort. Le cœur n’a pas résisté à l’attaque en règle d’un Etat sans règles. Sans justice, propre à tout Etat de non-droit. Il s’est fait jeter comme une chaussette usée. De la pire des manières : l’humiliation publique.
Une affaire de mœurs montée de toutes pièces et diffusée en masse par les médias satellites et les réseaux sociaux, jusqu’à l’écœurement. Sa suspension fut immédiate car préméditée. L’homosexualité, quel sacrilège ! En plein mois sacré, pour rendre la vindicte populaire à travers les réseaux sociaux plus cruelle encore. En pire cynisme dans l’intention, en ayant au préalable conditionné une population à des réflexes moyenâgeux, indignes d’une République du XXIe siècle : lynchage des pratiques sexuelles «indécentes», «immorales», «dépravées», au même titre que pour les non-jeûneurs, les auteurs d’avortements clandestins, et tout sur quoi repose la démagogie populiste et patriarcale d’un pouvoir dont l’immoralité n’a pas d’égale.
Y. B.
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