Bernard-Henri Lévy fait son cinéma
On croyait le philosophe au torse nu parti en Libye une arme de guerre en bandoulière pour y prêter main forte aux insurgés sur place, et on découvre que c’est flanqué d’une caméra qu’il s’en est allé gambader aux côtés d’Abdelhakim Belhadj. Bernard-Henri Lévy est à Cannes, où il s’exhibe devant et derrière les écrans de la Croisette, donnant interview sur interview et se prêtant volontiers au jeu des poses photos, chemise déboutonnée jusqu'au nombril. Dans son film d’horreur, Lévy n’a pas fait appel à des figurants pour tourner sa scène des quelque 50 000 morts. Il s’est servi de vrais cadavres et de balles réelles. Du générique de début jusqu’au générique de fin, Le serment de Tobrouk montre le philosophe qui aime à se conjuguer à la troisième personne du singulier, sous tous les angles et dans toutes les positions, jusqu’à faire oublier au public le sujet principal du film. La guerre civile s’efface devant l’omniprésent acteur hollywoodien à qui le Festival de Cannes a ouvert ses portes sans faire grincer des dents à des cinéphiles en état d’hypnose. C’est sur un tapis rouge sang et au milieu de paillettes aveuglantes que Lévy veut assurer «le passage du flambeau de la liberté entre ex-rebelles libyens et insurgés syriens en guerre». «Bien sûr, la cohorte de ses habituels détracteurs ne manquera pas de moquer ce documentaire lyrique où le philosophe occupe continûment l’écran, et de se gausser de ce stratège qui tient ses réunions d’état-major à la caserne de l’hôtel Raphaël et programme ses actions diplomatiques dans la casemate du café de Flore», anticipait Le Nouvel Observateur qui sait, tout autant que Lévy lui-même, que ce navet gorgé de flatteries n’est plébiscité que parce qu’il est mitonné à la sauce sioniste.
M. Aït Amara
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