Faire payer les parents
Il est 6 heures passées. Un groupe de jeunes, 17-18 ans à tout casser, joue bruyamment aux dominos sous le balcon d’un immeuble, dans une de ces cités hideuses inaugurées en grande pompe par «Son Excellence». Le brouhaha qui dure toute la nuit est suivi d’une bagarre générale à cause d’un double-six mal placé. Le ton monte. Des mots vulgaires fusent, amplifiés par l’écho dû à la vacuité du lieu à cette heure précoce de la journée (ou tardive de la nuit !). L’échauffourée s’achève au bout de quelques minutes et tous les protagonistes rentrent chez eux. Le calme revient qui durera jusqu’au soir, puis rebelote… Ce qu’il faut retenir de cette anecdote tirée de faits réels, c’est que ces jeunes voyous – car ce sont bien des voyous, quand bien même ils iraient à l’école et fréquenteraient la mosquée ! – ne sont pas tombés du ciel. Après le tapage, ils s'engouffrent chacun dans sa cage – c’est comme cela qu’on appelle les immeubles chez nous ! –, montent des escaliers, frappent à la porte d’un appartement et, là, le père, la mère, le frère ou la sœur leur ouvre et ils se mettent au lit jusqu’à l’heure du f’tour. Tous ces jeunes qui sèment la terreur dans nos rues, débitent des insanités du matin au soir, agressent les filles, se déplacent en se dandinant pour montrer qu’ils ne sont pas des femmelettes mais bel et bien des coqs prêts à en découdre avec le premier qui se la ramènerait, sont bien le fruit pourri d’une relation maritale. Ils ont été enregistrés à la mairie, vaccinés, inscrits à l’école… Ces jeunes chenapans, qui font peur à la société mais qui pleurnichent dans les commissariats, demandent pardon et jurent sur la tête de leur mère que c’est la dernière fois qu’ils joueront au bandit, sont autant responsables de leurs actes que leurs parents démissionnaires, eux-mêmes victimes d’autres voyous semblables à leur progéniture qui n’est pas née avec une malformation mentale, mais qui a dévié à cause de leur irresponsabilité. «Même les souris savent procréer», disait une vieille dame, assagie par l’âge, à son fils dont la femme accouchait tous les ans sans qu’il ait les moyens d’élever sa postérité convenablement. La société ne peut pas continuer à assumer les errements de ces monstres. Les parents défectueux doivent payer pour cela et l’Etat doit avoir le courage de sanctionner leur manquement au devoir de donner au pays une génération saine.
M. Aït Amara
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