Un franc Suisse
Les langues commencent à se délier en Suisse. La tribune publiée par un avocat de renom dans un journal helvétique démontre à quel point les hommes de loi honnêtes dans ce pays, dont on a faussement vanté la neutralité, sont horripilés par le détournement de la justice par une poignée de magistrats inféodés à des organisations politiques. Cette sortie inattendue d’un ténor du barreau genevois, Maître Marc Bonnant, a le mérite d’être juste, parce qu’elle se veut moins un plaidoyer en faveur du général Khaled Nezzar qu’une mise au point judicieuse sur une dérive flagrante d’un tribunal qui s’est fourvoyé dans une affaire qui le dépasse, mais qu'il semble vouloir instrumentaliser pour régler des comptes. A quelle fin ? Ces magistrats, «intrus de l’Histoire», se sont saisis de cette affaire parce qu’«enivrés d’être reconnus universellement compétents», accuse cette sommité juridique dont on ne peut pas dire qu’elle prend fait et cause pour l’une ou l’autre parties dans ce contentieux : «La guerre civile qui durera dix ans, écrit Maître Bonnant, se caractérisa par des actes terroristes, exactions, tortures et assassinats, à charge des belligérants des deux camps». Voilà qui est clair. L’avocat suisse ne défend donc pas le général Khaled Nezzar ; il révoque en doute l’impartialité de la justice suisse qui s’est alignée ipso facto sur les thèses des éléments du FIS, donc d’un justiciable au détriment d’un autre. C’est cela qui doit être condamné. C’est que l’iniquité du tribunal genevois constitue un antécédent grave dans les annales de la justice helvétique qui perd, ainsi, une crédibilité jusque-là indéniable, tant la décision malheureuse de cette instance entre en conflit avec le principe de non-ingérence sans lequel la neutralité n’est qu’une hérésie. Les Suisses sauront-ils corriger l’impair eux-mêmes ?
M. Aït Amara
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