5+5 ou le monologue
Pour la deuxième fois depuis la mise en place de ce mécanisme politique informel, les chefs d’Etat et de gouvernement du dialogue 5+5 des pays de l’Union du Maghreb arabe (Algérie, Tunisie, Maroc, Libye et Mauritanie) et leurs partenaires de l’Union européenne (France, Espagne, Italie, Portugal et Malte) se sont réunis à La Valette (Malte), sur fond de préoccupations liées au développement économique fortement inégal entre les deux rives de la Méditerranée. Le contexte – crise économique sur la rive nord et turbulences dans les pays de la rive sud – a lourdement pesé sur la rencontre. Les discours protocolaires des dirigeants des 5 de la rive nord n’ont pas pu cacher leurs prétentions à maintenir les pays de la rive sud dans un rapport de subordination. En clair, ce sont les intérêts des pays de l’UE qui doivent primer, d’où l’insistance sur la nécessité de juguler le flux migratoire vers les pays du Nord et sur l’urgence d’obtenir des conditions d’investissements qui n’ont rien à voir avec le slogan «gagnant-gagnant» trompeur. L’idéal, selon les pays du Nord, est, naturellement, d’imposer, aux pays de la rive sud, un système politique qui garantisse la sauvegarde de leurs intérêts. En fait, nous ne sommes pas loin du dialogue de sourds. Du côté UE, une volonté d’exploiter les ressources des pays du Sud et d’utiliser ceux-ci comme marché pour les biens produits au nord. Pour les pays du sud de la Méditerranée, au contraire, le défi concerne l’accélération du développement économique pour rattraper les retards accumulés en matière de besoins sociaux, notamment l’emploi mais également l’amélioration du niveau de vie. Pour faire aboutir ce dialogue, il faut que les pays du Nord abandonnent leur égoïsme et reviennent à l’objectif de prospérité partagée qui était placé au centre de la construction d’une coopération méditerranéenne avantageuse pour tous.
Ramdane Ouahdi