Chadli et les ventriloques
Maintenant que Chadli est mort, tout le monde parle à sa place. Alors que lui a préféré se taire de son vivant, de plus en plus de voix se font entendre qui se sont érigées en interprètes post mortem de celui-là même qu’elles abreuvaient d’injures il n’y a pas si longtemps. Derniers choristes à se joindre à l’ensemble vocal, Mohamed Benchicou et Farid Alilat, l’un pour raconter sa rencontre avec le défunt président, l’autre pour remâcher le potin du premier. «Les dernières confessions de Chadli», titre l’ancien directeur du Matin. «Bouteflika un caporal, Nezzar une petite créature» assaisonne le fondateur du DNA algérien – à ne pas confondre avec la version originelle Dernières nouvelles d’Alsace. Ses confessions étant les dernières, à en croire le titre racoleur de Benchicou, Chadli serait donc mort «entre l’automne 2000 et le printemps 2001», date à laquelle remonteraient ses propos, si tant est qu’il les ait vraiment tenus. Car comment expliquer que ceux-ci n’aient été publiés qu’après sa mort ? Quelqu’un peut-il démentir ce qui est rapporté dans l’article du «nègre particulièrement recommandé» maintenant que celui qu’il dit avoir rencontré «une dizaine de fois dans sa demeure algéroise» n’est plus de ce monde ? La rencontre a bien eu lieu, confirment des confrères, mais qu’a-t-il confessé ? «A l’écouter, on saisit alors que son long silence se voulait une attitude seigneuriale à l’encontre d’un univers politique volage et superficiel qui ne méritait pas qu’on lui répliquât», s’apitoie l’auteur de Bouteflika, une imposture algérienne. Syndrome de Stockholm ? Mauvaise conscience ? Tire-boulette pour envoyer le projectile sur une cible visée ? Ni Benchicou et son Matin aigri ni Alilat et ses Dernières nouvelles étiques n’assouviront notre curiosité. Encore moins Chadli à qui les pourfendeurs d’hier et défenseurs acharnés d’aujourd’hui prêtent la parole en faisant parler leur ventre sans bouger les lèvres. Et sans sourciller.
M. Aït Amara