Quelle victoire ?
La situation au Proche-Orient est pleine de mystères, particulièrement dans le volet du rapport israélo-arabe. Comment comprendre la surprenante décision du Hamas de proclamer la date du 22 novembre fête nationale, comme s’il confondait «trêve» et «victoire». Il est vrai qu’en Israël, des voix ont condamné l’acceptation de la trêve, y voyant peut-être le signe d’une défaite ? La réalité est donnée par les chiffres. Le déséquilibre des forces entre l’Etat sioniste et l’enclave palestinienne de Ghaza, dans l’affrontement armé qui les oppose, de façon intermittente, apparaît nettement dans le nombre de victimes des deux côtés : 21 Israéliens tués au total au cours des onze dernières années contre plus de 2 300 Palestiniens. Beaucoup d’observateurs font constater que les tirs de roquettes depuis la bande de Ghaza, s’ils déstabilisent la population israélienne dans sa quiétude apparente, ne constituent, en fait, aucunement une menace stratégique pour Israël. En revanche, la population de Ghaza, elle, est plongée, à chaque conflit, dans des conditions de vie encore plus dégradées, à un niveau inimaginable et avec un nombre supplémentaire de victimes qui se comptent par dizaines, voire centaines. Les tirs de roquettes ont cessé, jusqu’à quand, il est vrai, nul ne peut prétendre le savoir, mais Israël a menacé de renouveler son agression contre Ghaza et il a reçu pour cela le soutien d’Obama, fraîchement réélu, qui prouve que l’appui des Etats-Unis ne fera jamais défaut. Cet appui n’est pas seulement en paroles ou diplomatique (veto au Conseil de sécurité en faveur d’Israël) mais surtout en financement et en armement. En face, la Ligue arabe a encore prouvé toute la mollesse de sa réaction quand il s’agit de s’opposer à Israël. Ce n’est pas tout : les capacités de nuisance d’Israël à l’égard des Palestiniens, des pays arabes et, au-delà, dans toute la région, sont restées intactes. Alors, où est la victoire de Hamas ?
Lazhar Houari