Ça y est, ils s’en vont !
La classe politique algérienne n’avait jamais connu pareil fait : l’effacement en série de personnalités qui étaient devenues avec le temps ce que l’on appelle des dinosaures dans leurs partis respectifs mais aussi aux yeux de l’opinion publique en général. Des départs plus ou moins volontaires et qui ont à chaque fois suscité l’étonnement chez les analystes. D’abord, Saïd Sadi, on a failli l’oublier, qui, dès mars 2012, avait annoncé – à la grande surprise des observateurs qui ne s’y attendaient pas – qu’il quittait la présidence du RCD, qu’il avait lui-même fondé. «Je pense sincèrement, avait-il expliqué, que l'heure est désormais aux jeunes cadres du parti». Puis, en fin d’année, c’est Aït Ahmed qui décide d’abandonner la direction du FFS, qu’il a créé autour de sa personne au point où on ne pouvait imaginer ce vieux parti sans son leader historique à sa tête. «Pour passer le relais», avait-il lui aussi argumenté. Et, en ce tout début d’année, voilà qu’Ahmed Ouyahia annonce à son tour son retrait du poste de secrétaire général du RND, un parti que non seulement il n’a pas contribué à créer mais qu’il a dirigé visiblement «sur commande». «Pour sauver l’unité du parti», a-t-il dit, en tant que commis de l’Etat, pourrions-nous ajouter. Si dans le cas de Saïd Sadi et d’Aït Ahmed, il s’agit de décisions prises en toute liberté et indépendance vis-à-vis des cercles du pouvoir et sans subir aucune pression de l’intérieur de leurs formations politiques, on ne peut pas en dire autant de la «sortie» d’Ouyahia, comme si plus personne n’en voulait, ni les «sponsors» externes ni les «alliés» internes. La série va-t-elle continuer ? D’autres têtes sont réclamées par les redresseurs, comme Abdelaziz Belkhadem au FLN ou Moussa Touati au FNA, ou attendues par les observateurs politiques, comme Louisa Hanoune dont le parti qu’elle a créé, le PT, a fini par s’identifier à elle. Nul besoin de coup d’Etat scientifique pour dégommer les dinosaures. Ils partent d’eux-mêmes.
Lazhar Houari
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