Bouche-à-bouche fatal
D’accord, on a compris que, dans un bureau capitonné, quelque part à Alger ou ailleurs, il a été décidé que le FIS devait revenir par la petite porte. D’accord, on a compris qu’Ali Benhadj devait continuer à faire le mariole dans son antre fétiche de Kouba, entre deux prières ; qu’il devait, ensuite, se servir des réseaux sociaux pour passer les mêmes messages stupides qu’il rabâche depuis que les Algériens ont découvert ce personnage lugubre ; qu’il devait, enfin, réapparaître tel un fantôme dans les rues de son fief, Kouba, pour manifester pour ou contre n’importe quoi, histoire de nous faire comprendre que son calendrier s’est arrêté en 1991. D’accord, on a compris que le journal arabophone à sensation Echorouk a reçu instruction de déterrer, au cimetière politique, les zombies du FIS pour nous raconter qu’ils sont innocents de tous les drames qu’a vécus l’Algérie depuis l’importation du wahhabisme rétrograde à la fin des années 1970 et que, eux, les extrémistes qui nous promettaient l’enfer si nous ne votions pas pour le parti du binôme burlesque Abassi-Benhadj, croyaient dur comme fer à la démocratie et qu’ils ne comptaient pas – mais alors pas du tout – nous imposer leur régime moyenâgeux. D’accord, on a compris que cette mise en scène, entrecoupée de situations macabres et de berceuses cauchemardesques, vise à recoller ces trois lettres et à les réinjecter dans une scène politique éteinte où les partis apathiques sont tellement nombreux qu’aucun alphabet ne suffirait à les nommer tous. Mais ce qu’on n’a pas compris, par contre, c’est le but final de ceux-là qui sont en train de faire du bouche-à-bouche à ces spectres pour les ramener à la vie et nous promettre à nouveau la mort.
M. Aït Amara
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