Bruits contre silence
Pendant les graves événements qui ont secoué le pays et la région ces derniers mois, le gouvernement Sellal s’est démené pour pallier des insuffisances criantes de communication, mais sans jamais réussir à combler les silences prolongés et intrigants du chef de l’Etat. Des silences qui se sont révélés être en soi une stratégie de communication, en ce sens que Bouteflika donne toujours l’impression de faire des sorties calculées, disons mêmes tactiques, alors que les Algériens attendaient de lui plutôt des interventions promptes et rassurantes, sur tous les sujets qui les préoccupent et engagent leur avenir immédiat, et dans les situations de détresse. On a vu lors de l’attaque contre le site gazier de Tiguentourine (désormais Mohamed-Lahmar) que Bouteflika a mis plusieurs semaines pour dénoncer, dans un message laconique et tout à fait anachronique, l’agression terroriste et rendre hommage aux membres de l’ANP qui avaient donné l’assaut, alors que tous les dirigeants occidentaux s’étaient promptement exprimés. Chose qui laissait le champ libre aux supputations les plus sulfureuses et les plus saugrenues, aussitôt relayées et amplifiées par les différents milieux anti-algériens. Résultat : c’est toute l’image de l’Etat algérien, et celle en premier lieu du premier magistrat, qui en prend un coup. Aussi, sur l’affaire, plus récente, du nouveau scandale Sonatrach, le Président a réagi dans un message plutôt timide – donnant l’impression de «vouloir» couper court à un débat séditieux qui risquait de nourrir la colère des citoyens dans une conjoncture sensible –, mais n’a donné aucune instruction claire pour ne pas laisser impunies les personnes citées dans l’enquête menée par les Italiens. Ses tergiversations, là encore, n’éclairent en rien l’opinion publique sur son engagement réel à envoyer à la potence des hommes réputés proches de lui, à l’image de son ancien ministre de l’Energie, dont le nom est cité en tête de cette mafia du pétrole.
R. Mahmoudi
Comment (4)
Les commentaires sont fermés.