Parlez, M. le Président !
Dans les pratiques des institutions algériennes, la transparence a des limites, bien que dans certaines circonstances, on puisse comprendre les raisons de la rétention de l’information ou de sa diffusion au compte-gouttes, et c’est le cas quand il s’agit d’une question sensible comme la santé du président de la République. Seulement, ce qu’on n’arrive pas à comprendre, c’est cette situation kafkaïenne faite d’informations et de communiqués relayés par l'APS et les médias lourds, Télévision et Radio nationales, puis à nouveau le silence inquiétant, entrecoupé par des déclarations rassurantes de personnalités politiques qui, incidemment, évoquent ce fait. Il n’y a pas de secret d’Etat en jeu, puisque le Président a été hospitalisé à l’étranger et aussi bien les médecins soignants que le personnel, étrangers, connaissent parfaitement son état de santé. Il y a un secret médical à observer comme l’exige la déontologie, mais à partir du moment où de premières informations ont été données, les Algériens attendent d’être tenus au courant de façon officielle et régulière. Ils ne veulent pas être abandonnés aux rumeurs malveillantes qui fusent de toutes parts. On avait cru, au départ, à une véritable volonté de communiquer sur ce sujet grave, mais on remarque que le pouvoir revient aux «bonnes vieilles méthodes», qui véhiculent un mépris total et insultent l'intelligence des Algériens. En fait, cette manière d'agir est l'illustration parfaite du fonctionnement d'un système intriguant, occulte, secret, suspicieux, dont l’autisme informationnel ne fait qu’alimenter les rumeurs les plus folles, dont celle de la mort du Président qui a fait le tour des rédactions. D'autres parlent d'une stratégie pour détourner les regards des scandales de corruption qui s'approchent inexorablement de la Présidence. Si le Président est gravement malade, les Algériens ont le droit de le savoir. S’il se porte mieux et qu’il est toujours capable de diriger le pays, qu’il le leur dise lui-même, de vive voix.
Kamel Moulfi
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