La guerre des fables
Les porte-étendards de la monarchie marocaine se lancent dans une nouvelle croisade contre l’Algérie, au moment où toute la région du Maghreb est soumise à de multiples et puissantes pressions extérieures. Une croisade qui s’ouvrait, il y a quelques jours, avec une véritable déclaration de guerre d’un leader politique, appelant à la «reconquête» des villes algériennes de Tindouf, Kenadessa et Béchar. On ne peut dire qu’une telle déclaration n’engagerait que cet homme politique et lui seul car on sait bien que son parti, l’Istiqlal, a toujours fonctionné comme un relais de l’administration, le Makhzen, derrière laquelle le Palais et le roi se cachent allégrement. Mais ni le gouvernement ni le Palais n’ont voulu assumer une telle dérive, ni ne croient utile de réagir à la mise au point du ministère des Affaires étrangères algérien à ce sujet. Pareille propagande est généralement destinée à manipuler l’opinion marocaine et la détourner, à chaque fois que le pays est confronté à de graves périodes de crise, comme c’est le cas actuellement avec un gouvernement qui peine à apaiser la tension sociale qui risque à tout moment de se transformer en révolte. Comme seule réponse aux dénonciations d’Alger, la presse à la solde du Makhzen préfère pourrir le climat en décochant de nouvelles flèches encore plus perfides. Elle accuse les services de renseignement algériens de financer le Polisario pour organiser des mouvements de protestation dans la capitale du Sahara Occidental, El-Ayoun. Pourtant, des déclarations similaires, faites en 1994 suite à l’attentat terroriste de Casablanca, avaient conduit à une situation que les Marocains regrettent amèrement aujourd’hui encore. Après l’avoir «fermée», l’Algérie devra-t-elle verrouiller sa frontière sérieusement désormais, sachant qu’elle tolère la contrebande de carburant et de nourriture pour ne pas affamer les populations de l’est marocain ?
R. Mahmoudi
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