Gèze et les chèvres
«Plus le mensonge est gros, plus il passe. Plus souvent il est répété, plus le peuple le croit.» Ceux qui connaissent l’histoire du fascisme se souviennent de ces paroles du nazi Joseph Goebbels qui a construit une théorie du mensonge à des fins de propagande, en 1933, au lendemain de l'incendie du Reichtag, à Berlin. Ensuite, quelqu’un a affiné cet art de la contre-vérité : «Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose !» Les propagandistes du «qui tue qui», comme Souaïdia, Samraoui, Tigha, Chouchène, Aboud… et leur agent traitant de la caserne Mortier (*) déguisé en éditeur, François Gèze, se sont-ils inspirés de cette démarche dans leur offensive médiatique contre les forces de sécurité algériennes qu’ils ont machiavéliquement accusées de crimes commis par les terroristes, dans le but évident de salir notre armée et de renforcer l’intégrisme ? De toutes les façons, ils n’ont pas réussi. Ils ont menti, ils ont menti, mais de leurs mensonges sur l’assassinat des moines de Tibhirine, il ne reste plus rien après le documentaire diffusé ce jeudi par la chaîne de télévision France 3. Ils ne trouvent pas comment sortir de cette situation dans laquelle ils se sont complètement empêtrés. L’honnêteté intellectuelle leur aurait permis de s’en tirer, en reconnaissant s’être trompés, mais ils en sont dépourvus. Alors, ils se réfugient dans l’entêtement que l’on traduit chez nous par une belle phrase tirée de notre terroir : «C’est une chèvre, même si elle vole.» Le documentaire de Malik Aït-Aoudia et Séverine Labat, Le martyre des sept moines de Tibhirine, a montré les commanditaires, les terroristes impliqués dans l’enlèvement et l’assassinat des moines, leurs geôliers, qui ont parlé non seulement en tant que témoins, mais en acteurs directs dans cet événement. Ce documentaire a confondu les menteurs du «qui tue qui», qui étaient connus dans la mesure où ils occupaient le devant de la scène médiatique sur ce thème. Il a également révélé et démasqué le rôle des manipulateurs français, moins visibles, qui œuvraient dans l’ombre dans un double jeu qui a finalement considérablement amenuisé, voire complètement anéanti les chances des sept moines de survivre à leur cauchemar. Les juges français savent maintenant à qui ils doivent adresser leurs questions sur cette affaire.
Karim Bouali
(*) Siège de la DGSE, le service d’espionnage français dont on vient d’apprendre qu’il avait des agents au sein des groupes islamistes armés en Algérie.
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