Je t’aime moi non plus
A suivre le discours politique qui est distillé depuis quelques semaines au Maroc sur l’Algérie, à travers la presse et les harangues des leaders politiques, on sent comme un subtil partage des rôles entre une opposition déraisonnée, paniquée, mesquine, et un gouvernement plutôt réconciliateur. Ainsi, au moment où l’opposition, menée par le trublion du parti de l’Istiqlal, s’applique à tirer méthodiquement sur l’Algérie et à attiser le feu de la guerre, le gouvernement, lui, veut se montrer au contraire bienveillant et appelant à la communion. Une duplicité qui, souvent, se retourne contre ses propres auteurs, comme on en a vu tant d’exemples par le passé, où parfois c’est le roi qui intervient en personne pour se répandre en suppliques, avant de se préparer pour de nouvelles «croisades». Dans une déclaration largement médiatisée hier, le ministre du Tourisme, Lahcène El-Haddad, se targuait même du fait que son pays a réussi à attirer 90 000 touristes algériens durant l’année 2012, ce qui fait, selon lui, que «le marché algérien est important et prometteur». Le ministre mesure sans doute cette importance par l’apport financier des touristes algériens, salutaire pour l’activité touristique et commerciale marocaine dans une conjoncture marquée par des relations toujours tendues entre les deux pays, avec des frontières fermées depuis 18 ans, à cause justement de ces excès bellicistes absurdes chez nos voisins. Mais, en politique, cette sortie exprime une volonté d’équilibrer le discours, pour ne pas aller jusqu’à la cassure. Car les Marocains savent qu’ils ne gagneraient rien à perdre l’Algérie. Au contraire.
R. Mahmoudi
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