Enterrés par la République
Les aveux de l’ancien chef terroriste Madani Mezrag au quotidien Echorouk ressemblent aux pièces d’un puzzle oubliées au fond d'un grenier où tout n’a pas encore été vidé. Dans son entretien en plusieurs parties au journal arabophone, Madani Mezrag a le mérite de lever le voile sur les tractations secrètes qui se déroulaient à l’insu du peuple à une période cruciale de la vie de la nation. L’ancien émir de l’AIS fait plusieurs révélations qui changent complètement la lecture des événements vécus par le pays au moment de la tenue des élections législatives interrompues au premier tour, en janvier 1992. Les confessions de Madani Mezrag sont la suite d’une phrase qui s’est terminée par des points de suspension et qui attendait que quelqu’un la complétât enfin. Abstraction faite des dithyrambes qui tiennent moins de la vérité que de la logorrhée, Madani Mezrag nous apprend que le FIS et le FLN s’étaient mis d’accord pour désigner Hocine Aït Ahmed président de l’Assemblée nationale ; que le FIS, le FLN et le FFS étaient convenus de maintenir le président Chadli Bendjedid à la tête du pays ; que ce dernier avait chargé un responsable du FLN, Abdelkader Hadjar, de négocier avec le FIS. Résumons : au moment où Hocine Aït Ahmed criait son fameux slogan «ni Etat policier ni Etat intégriste», que le FLN simulait une participation «propre et honnête» à la course électorale, que Chadli Bendjedid sollicitait l’armée pour prendre les choses en main parce que la situation lui échappait totalement, que le FIS promettait au peuple une place au paradis et à tout ce beau monde un siège ici-bas, ces fossoyeurs avaient déjà commencé à creuser la tombe de la République. Mais la République les y a tous enterrés.
M. Aït Amara
Comment (12)
Les commentaires sont fermés.