Un Etat mou
Par Kamel Moulfi – Le commerce informel et la drôle de guerre que lui mènent les pouvoirs publics sont révélateurs d’une pratique gouvernementale empreinte d’un laxisme qui ne peut s’expliquer que par la dispense d’obligation de résultat que s’octroient les différents départements ministériels. Personne n’est tenu de rendre des comptes à personne et encore moins au simple citoyen. Et chacun peut se soustraire au contrôle pour peu qu’il trouve le prétexte, de préférence politique, ou les bons appuis. Les vendeurs à la sauvette s’inscrivent dans cette logique. Ils apparaissent et disparaissent puis réapparaissent selon des facteurs arbitraires inconnus du grand public. La promesse avait été faite, il y a un an, que les marchés informels seraient éradiqués, comme si cette pratique illégale de faire du commerce pouvait être limitée à un espace fixe. Certes, en beaucoup d’endroits, les lieux ont été dégagés, mais les vendeurs sont revenus ici et là. Idem pour les parkings sauvages que l’on pensait faire partie des affaires classées. Les gardiens armés de gourdins et menaçants sont toujours là à racketter les automobilistes et gare à celui qui tente de leur résister. Rues, ruelles et même bouts de trottoirs ou de placettes deviennent la propriété privée d’énergumènes armés de bâtons qui décrètent que ce sont des parkings payants avec des tarifs qui font penser justement au racket. Personne n’est en mesure de dire combien il y a de parkings sauvages en Algérie, ou au moins dans la capitale censée être mieux contrôlable. En fait, aucune autorité ne semble s’y intéresser. Alors, que font les élus, sachant que la population, directement touchée par les méfaits de l’informel, est soigneusement tenue à l’écart de la gestion de ce qui la concerne dans la commune ? Le Ramadhan est d’ailleurs généralement le prétexte idéal pour prendre des libertés à l’égard de la réglementation dans les domaines qui comportent des aspects de nuisances pour la population. Le bilan, sans jeu de mots, est établi aux urgences médicales : intoxications, pour avoir consommé des produits impropres, ou coups et blessures pour avoir voulu résister au diktat du voyou qui a squatté la voie publique. La voie publique, voilà une notion qui a perdu tout son sens…
K. M.
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