Bouteflika doit s’excuser
Par R. Mahmoudi – En termes d’impact politico-psychologique, l’annonce du mandat d’arrêt contre Chakib Khelil est assimilable à la déchéance qu’a vécue l'ancien ministre français du Budget, Jérôme Cahuzac. A la différence qu’en France, le chef de l’Etat s’est tout de suite prononcé en exprimant, dans un sermon radiotélévisé, toute la honte qu’a dû ressentir la République, pour avoir accordé confiance à un ministre «indigne», coupable d’avoir juste ouvert un compte bancaire en Suisse, en violation des lois françaises. Chez nous, une mise en cause aussi tonitruante que celle qui vise un ancien ministre de l’Energie et neuf autres personnes n’a fait bouger aucune autorité politique, qui ne s’est sentie dans le devoir d’exprimer le moindre mea-culpa, pour avoir confié un secteur aussi stratégique, aussi névralgique à un homme qui a fini par soulever une tempête derrière lui. Un pas a été franchi par le Parquet qui a décidé – seul ou sur injonction, peu importe – de s’attaquer directement à un puissant qui se croyait impuni. Mais cela risque d’être sans consistance, tant que le pouvoir politique, le chef de l’Etat en tête, continue de se confiner dans son mutisme. Oui, Bouteflika, même convalescent, est appelé à se prononcer, à présenter ses excuses à la nation, parce que c’est lui qui a placé Chakib Khelil à ce poste qui lui a servi de tremplin pour s’adonner aux trafics dont il est accusé et se rendre coupable d’un crime économique d’une telle gravité, ne serait-ce que par sa gestion. Le silence du pouvoir, ajouté à celui de la classe politique, sur cette affaire, peut être perçu comme l’expression d’une connivence ou, à tout le moins, le reflet d’un gouvernement qui ne s’assume pas et qui se cachera derrière l’éternel refrain : «Laissons la justice faire son travail !»
R. M.
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