Pire que le Qatar
Par R. Mahmoudi – Depuis que les Saoudiens ont pris les commandes du «dossier syrien», après l’effacement du Qatar sur instigation des Etats-Unis, la situation s'est brusquement aggravée, alors que tout le monde espérait plus de souplesse, plus de diplomatie de la part de la monarchie wahhabite, qu’on nous présentait comme ayant intérêt à privilégier la voie pacifique et politique dans le règlement des nombreux conflits qui cernent la Péninsule arabique. Les Saoudiens avaient même, à un certain moment, donné l’impression de vouloir aider à affaiblir une aile des islamistes, en s’empressant, par exemple, d’afficher leur soutien à la destitution du président égyptien issu des Frères musulmans Mohamed Morsi. Mais leur retour sur la scène arabe n’augure, en vérité, rien de bon, comme le montre l’évolution dramatique que connaît la guerre en Syrie qui porte leur empreinte, celle notamment du cerveau de leurs services secrets, le pro-américain Bandar Ben Sultan, réputé pour être un homme des «coups bas». Jusqu’à encore la veille de sa visite très médiatisée à Moscou, où il a tenté en vain de marchander la capitulation de la Syrie en contrepartie de privilèges économiques colossaux (une promesse de 15 milliards de dollars d'investissements), toutes les discussions étaient orientées vers «Genève II», où toutes les parties – la classe politique syrienne elle-même projetait d’y prendre part – devraient être présentes pour négocier une sortie de crise. Jusqu’au jour où le monde se réveilla sur de nouvelles images horribles d’un «génocide» (entre guillemets) commis à l’arme chimique, qui ont suscité une vague d’indignation à travers le monde. Un «massacre» (entre guillemets toujours) qui tombait à point, aux yeux des pays du Golfe et des va-t-en guerre européens pour relancer l’offensive diplomatique contre Damas et réclamer, à nouveau, au nom de la protection des populations civiles, une intervention internationale urgente. En apparence, les intérêts des monarques arabes divergent mais, en réalité, ils chassent les mêmes proies.
R. M.
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