Toi manger couscous ?
Par Kamel Moulfi – Qu’il est loin le temps dont témoigne le film Les vacances de l'inspecteur Tahar tourné en 1972-73 ! On se rappelle cette fameuse scène quand Hadj Abderrahmane, s'adressant à des touristes européens sur le chemin de la Robertsau, dans un Télemly propre (comme le voulait le professeur Bachir Mentouri qui dirigeait la capitale à l’époque), a ces propos succulents : «Toi manger couscous ? Toi aller à Boussaâda.» Ce ne sont pas les beaux discours qui ramèneront Alger la Blanche et encore moins l’époque où, justement, Boussaâda était un pôle touristique. La triste réalité du tourisme algérien aujourd’hui, ce sont ces Algériens qui partent ailleurs par centaines de milliers pour se détendre, et, s’agissant des femmes, pour, à peine, pouvoir faire trempette dans l’eau et s’allonger sur le sable doré pour bronzer au lieu de s’envelopper vite tout le corps d’une serviette de peur que le monde leur tombe sur la tête. C’est le moment de faire un petit bilan du tourisme interne que ne cessent de vouloir encourager en paroles les autorités, maintenant que la saison des vacances estivales prend fin, amputée d’un bon mois consacré au Ramadhan et que la rentrée se rapproche à grand pas. Personne, dans les milieux officiels, ne se fait d’illusion quant à faire de l’Algérie une destination prisée par les touristes, pas même nationaux. L’échéance est projetée vers 2030. Mais que manque-t-il aujourd’hui ? La sécurité est plus ou moins rétablie, en tout cas ce n’est pas un obstacle plus qu’ailleurs ; l’effervescence politique n’est pas ce qui caractérise notre pays qui présente plutôt l’image de la stabilité. Il est vrai qu’avec les hydrocarbures, le besoin de développer le tourisme pour avoir des recettes financières extérieures supplémentaires ne se fait pas sentir. Au contraire, comme le prouvent les sommes inimaginables en devises qui sont transférées illicitement vers l’étranger. Les Algériens sont allés au Maroc, tout près, comme substitution à la Tunisie qui offre l’image – certainement fausse – d’un pays peu sûr. L’Espagne récolte une bonne partie des devises consacrées par les Algériens à leurs vacances. Pour relancer le tourisme interne, il faut plus que des moyens, il faut le courage politique.
K. M.
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