Suivisme aveugle
Par Karim Bouali – Quand le scarabée se retrouve sur le dos, il lui est difficile de se remettre debout, il essaye de s’accrocher à tout ce qui pourrait lui permettre de s’agripper avec ses pattes crochues qu’il agite désespérément, dans une indifférence ambiante qui se comprend. C’est l’image pathétique qu’offre la France de Hollande et Fabius dans la posture qu’elle a adoptée par son suivisme aveugle à l’égard de la position américaine sur l’affaire syrienne. La déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères français part d’un fait, «le massacre chimique du 21 août», que les experts de l’ONU n’ont pas fini d’établir et Fabius se croit dispensé d’attendre les conclusions des enquêteurs onusiens pour construire sa démarche guerrière… en paroles. La France des deux va-t-en-guerre que sont Hollande et Fabius veut donner l’image d’une puissance alors qu’elle vient de prouver qu’elle est un pays dépendant, dans une question aussi stratégique que la guerre, de représentants d’un autre pays, le Congrès des Etats-Unis. C’est non pas le Parlement français qui définit la politique étrangère de ce pays mais celui des Etats-Unis. Le général de Gaulle doit se retourner dans sa tombe. On découvre que le ministère des Affaires étrangères en France est dirigé par John Kerry, le secrétaire d’Etat d’Obama. Fabius répète comme en écho les paroles de l’Américain. Il reprend les accusations non fondées lancées par celui-ci contre le gouvernement syrien. Pis, il affabule en évoquant la «communauté internationale», alors que seuls les dirigeants de deux puissances occidentales – Etats-Unis et France – ont décidé de faire la guerre à la Syrie et ceux de deux ou trois autres pays secondaires – Qatar, Arabie Saoudite et Turquie – applaudissent à l’aventure en pensant qu’elle va faire tomber Bachar Al-Assad ou, au moins, donner l’avantage sur le terrain aux mercenaires islamistes liés à Al-Qaïda. Le reste du monde, gouvernements et peuples, est contre la barbarie de l’agression contre la Syrie. Et s’agissant des Russes, c’est non seulement l’opposition à ces frappes, mais, implicitement, la probabilité d’une riposte appropriée, contrairement à ce que racontent les médias français pro-guerre qui ont sciemment déformé les propos de Poutine.
K. B.
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