Le FLN laminé
Par R. Mahmoudi – Situation paradoxale pour les quatre ténors du FLN qui se sont depuis longtemps battus pour déboulonner Abdelaziz Belkhadem et permettre, plus tard, l’ascension de celui qui traîne la réputation d’avoir été coopté par l’entourage du chef de l’Etat à la tête du vieux parti. Abdelaziz Ziari, Amar Tou, Rachid Harraouabia et Rachid Benaïssa, respectivement ministres de la Santé, des Transports, de l’Enseignement supérieur et de l’Agriculture, n’ont pas été retenus dans le dernier remaniement ministériel. Ils seront remplacés respectivement par Abdelmalek Boudiaf, Amar Ghoul, Mohamed Mebarki et Abdelwahab Nouri. Pour rappel, huit ministres FLN du premier gouvernement Sellal s’étaient ralliés au mouvement de redressement réclamant le départ d’Abdelaziz Belkhadem et l’élection d’un nouveau secrétaire général, en apportant indirectement leur soutien au dernier «coup de force» qui a fait propulser Amar Saïdani à la tête du parti. Bien plus symptomatique de cette récession du parti majoritaire, la composante du nouveau gouvernement ne comporte aucune grosse pointure du parti, aucun membre de la direction, à l’exception de Tayeb Louh qui, lui, a été promu ministre de la Justice. Seul rescapé, donc, avec Abdelkader Messahel qui revient de sa longue convalescence, d’un parti qui va à vau-l’eau. Ceci, alors que le FLN s’est toujours plaint d’une faible représentation dans l’Exécutif qui ne reflète pas son «véritable» poids politique et électoral. Dans sa présente configuration, le gouvernement Sellal semble plutôt privilégier les technocrates au détriment des politiques, à l’exception des postes-clés qui restent réservés aux hommes du clan présidentiel. Ce premier désaveu pour l’ex-parti unique suppose deux explications : soit les parrains ne sont pas rassurés quant à la pérennité et à l’allégeance de tous les dirigeants actuels, vu les réactions hostiles que «l’élection» de leur poulain Amar Saïdani a entraînées, soit ils ne veulent plus d’un parti soudé et revendicatif.
R. M.