Il n’a pas fait mieux
Par Karim Bouali – Il y a vingt-cinq ans, à peu de jours près, dans un geste qui pouvait être qualifié de tentative opportuniste de récupération de la révolte du 5 octobre 1988, dont on s’interroge toujours sur ce qui l’a déclenchée, une sorte de pétition avait été signée par des personnalités politiques qui exposaient au président Chadli une série de points à appliquer pour sortir de la crise. Ce document est vite tombé dans l’oubli et tant mieux pour ses signataires, parmi lesquels en bonne place figurait Abdelaziz Bouteflika, aujourd’hui à la tête de l’Etat. Tant mieux, parce qu’il n’y a vraiment aucun sentiment de fierté à en tirer pour eux quand on compare les points de leur déclaration avec les réalités actuelles. En lisant les «propositions» reprises par Echourouk, on constate que Bouteflika, président, n’a guère fait mieux. On reprend mot à mot : climat social, économique, éthique et politique ainsi que la fragilité des institutions ; situation grave et avenir incertain du FLN (…) qui n’a pas pu intégrer les nouvelles forces vives incarnées par la jeunesse pour assimiler les mutations et les évolutions de la société algérienne ; entamer des réformes fondamentales et instituer une vie démocratique qui permet au citoyen de choisir ses représentants en toute liberté ; garantir le consensus ; engager les réformes institutionnelles auxquelles aspire la nation ; garantir toutes les libertés démocratiques, telles que la liberté de rassemblement, d’expression et de création des associations… Or, que constate-t-on dans les faits en observant la vie politique de ces derniers jours ? Des membres du gouvernement parlent avec insistance de l’éventualité d’un quatrième mandat pour le président Bouteflika alors que sa santé l’a contraint à retarder la réunion du Conseil des ministres, une instance constitutionnelle qui, par-delà sa composante, joue un rôle de premier plan dans la vie du pays. Une véritable discrimination frappe certains partis politiques, légalement créés, précisément ceux qui sont opposés à ce quatrième mandat et opposés aussi à une révision de la Constitution et qui ont le droit de faire connaître leur opinion. L’administration est instrumentalisée pour «réguler» arbitrairement la vie politique dans le sens voulu par le pouvoir. Ainsi, 16 partis politiques se sont vu refuser l’autorisation de tenir une réunion publique parce qu’ils n’avaient pas l’intention de se joindre à la campagne «4e mandat» mais au contraire la dénoncer. La même démarche d’exclusion caractérise la création de journaux, soumise à agrément et toujours bloquée, le champ audiovisuel, fermé, les journaux électroniques, confrontés à une pratique insidieuse d’interdiction, etc., pour ne citer que ces exemples.
K. B.
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