Les Tunisiens réussiront
Par Karim Bouali – Une bataille d’une importance capitale non seulement pour la Tunisie mais aussi pour tous les pays de la région, y compris pour nous en Algérie, se déroule actuellement autour de nouvelle Constitution chez nos voisins. Le Parlement tunisien est en train d'expurger la mouture de la Constitution de tous ses aspects «islamistes» : retrait de la charia comme mode de gouvernance, interdiction de l'accusation d'apostasie… La Tunisie prend le chemin inverse que celui emprunté par l'Algérie lorsque le FIS est entré en scène. Les Tunisiens ne veulent pas que leur Loi fondamentale serve à les ramener en arrière à travers des articles qui figeraient des «constantes» à partir d’une interprétation rétrograde de la religion. Les démocrates repoussent les islamistes résolument et intelligemment en s’appuyant sur la volonté exprimée de diverses manières, ces dernières années, par la société tunisienne qui tient à ne pas perdre les acquis de modernité et de tolérance ni les degrés de liberté qui ont fait sa réputation. Dans sa grande majorité, la population tunisienne a rejeté le régime Ben Ali en brandissant des revendications démocratiques et sociales qui ne s’accommodent pas de l’intégrisme. Par un tour de passe-passe, manipulé par les dirigeants des puissances occidentales qui préfèrent un pouvoir islamiste faible à un pouvoir véritablement national, le parti Ennahda s’est retrouvé à la tête du pays. Il a fallu de longs mois d’une mobilisation ininterrompue pour que les Tunisiens se réapproprient leur révolution. Pendant que les forces de sécurité s’attachent à l’éradication des noyaux terroristes qui ont tenté de se développer, la société civile s’oppose à l’hégémonie que les islamistes cherchant à imposer. La Tunisie ne sera pas un Etat islamique mais une république pour tous. Les Tunisiens ont autre chose de plus important à faire que la chasse aux dépassements dans les comportements et dans les tenues vestimentaires par rapport à des normes que les islamistes fixent selon leur bon vouloir. Cela ne signifie pas que le combat est gagné. Récemment, dans ces mêmes colonnes, Algeriepatriotique rapportait l’alerte lancée Mezri Haddad, philosophe et ancien ambassadeur de Tunisie auprès de l’Unesco, à propos des déperditions scolaires qui ont atteint des proportions inquiétantes durant 2012, c'est-à-dire «après la révolution». 100 000 élèves de 6 à 16 ans ont ainsi quitté les bancs de l’école. Pour aller où ? En parallèle, les associations et les établissements préscolaires et scolaires islamistes créés à l’instigation de Rached Ghannouchi ont proliféré. Mais on peut faire confiance aux Tunisiens pour mettre en échec les ruses de guerre de leurs islamistes.
K. B.
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