Retournez vos vestes !
Par Meriem Sassi – Les animateurs de télévision qui modèrent les débats consacrés à la prochaine élection présidentielle depuis des semaines, sont-ils en train de perdre le fil de leurs idées sur l’issue politique du scrutin du 17 avril 2014 ? Après des discussions clairement orientées vers une volonté de changement et de démocratisation, suite à quinze années interminables de statu quo, il semble y avoir comme un revirement dans les propos destinés à donner un éclairage à l’opinion publique. Le retournement de situation est soudain et laisse penser que de nouvelles orientations ont été données pour modifier le discours opposé à Bouteflika. Les indices confortant ce scénario sont en tout cas nombreux sur les plateaux de certaines télévisions, faisant pencher les analyses des participants au débat politique vers un soutien au président sortant ou, tout au moins, vers la «censure» de toute critique à son égard tant que la situation n’est pas claire. Qu’en est-il vraiment ? Est-ce que l’option de la continuité ou, au mieux, celle d’un changement dans la continuité chère au FLN, a été prise ? Il y a de quoi s’interroger, surtout que des sites d’information et autres supports médiatiques se hasardent à prédire que le président de la République, pourtant gravement malade et suscitant plus de pitié que d’espoir, briguerait un nouveau mandat. Une incohérence qui rejoint celles véhiculées sans relâche par Amar Saïdani, l’autoproclamé secrétaire général du FLN, sur le soutien à la candidature de Bouteflika. Les journaux d’information ne se privent pas, comme ils l’ont fait d’ailleurs récemment, de lui tendre le micro pour qu’il puisse réitérer à loisir, une énième fois et avec aplomb, son appel au président sortant à se porter candidat. Comme au temps où Bouteflika jouissait de sa pleine santé, les comités de soutien fleurissent et dans leur sillage sont distillées les informations «bienveillantes» sur un quatrième mandat, notamment depuis la convocation du corps électoral. Des sources se mettent à orienter l’information – et donc l’opinion publique – vers une seule option. Et même si ces sources prennent le soin d’évoquer la possibilité d’un empêchement de dernière minute, l’option d’un réel changement ne semble pas faire partie des scoops généreusement offerts aux médias.
M. S.
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