Le réveil des caciques
Par Karim Bouali – L’annonce surprise par Sellal de la candidature de Bouteflika à un quatrième mandat a révélé – pour les observateurs les plus perspicaces, ce fut plutôt une confirmation – un côté curieux de la vie politique dans notre pays. Cette annonce a sonné comme un réveil pour sortir de leur sommeil les caciques de l’opposition, mais issus directement du système ou l’ayant bien servi à un moment ou à un autre de leur carrière politique, même si leur apparition dans le décor du pouvoir a été furtive. C’est comme s’ils ne voulaient pas rater le rendez-vous médiatique quinquennal des élections présidentielles qui leur permet de revenir au-devant devant de la scène pour exprimer leur «opinion». Après Ali Yahia Abdennour, Ahmed Taleb et Rachid Benyellès, c'est au tour de Mouloud Hamrouche, Saïd Sadi et Bouguerra Soltani de se montrer. Ils ont fait savoir qu'ils ne sont pas candidats, sauf Hamrouche dont c’est, visiblement, le tour de maintenir le suspense sur ses intentions : présenter sa candidature ou s’interroger sur l’après 17 avril, boycotter ou appeler à une «transition douce»…. Pourquoi tous ces hommes politiques de premier plan éprouvent-ils le besoin, précisément maintenant, de dire ce qu’ils pensent de la candidature de Bouteflika alors que pour certains d’entre eux, ils se sont plutôt distingués par une absence inexplicable de la vie du pays à des moments où il fallait se manifester pour éclairer l’opinion et la mobiliser ? La logique de leur activité politique relève du mystère. Une chose est sûre, ce qui les a fait bouger subitement est la candidature de Bouteflika, sinon ils en seraient encore à leur hibernation. Les jeunes qui attendent de ces aînés un peu plus qu’un «communiqué commun» ou une «lettre à l’opinion publique», à lire dans les journaux ou sur les sites électroniques, en sont pour leurs frais. Car pendant ce temps, le camp présidentiel, comme on l’appelle, continue d’occuper le terrain politique qu’il n’a jamais abandonné, instrumentalisant tout ce peut lui servir comme institutions officielles, faisant fi des oppositions conjoncturelles et passagères. Au mépris de tout.
K. B.
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