Grand homme en baudruche
Par R. Mahmoudi – Mouloud Hamrouche a parlé comme un philosophe plutôt que comme un homme politique, censé apporter des réponses claires et pratiques à une situation donnée, par des initiatives qui puissent aider à faire la décantation, à contrebalancer le rapport des forces aujourd’hui favorable aux tenants de l’ordre établi, qui entendent se maintenir au pouvoir à n’importe quel prix. Or, le combat démocratique a besoin d’hommes d’action, pas de théoriciens. Beaucoup d’Algériens ont dû s’apercevoir, depuis sa conférence à l’hôtel Safir, à Alger, que celui qu’on nous présentait comme étant le cavalier de la démocratie et des réformes ne pouvait finalement être qu’un bon idéologue, un bon tribun. En prodiguant ses recettes, bonnes ou vieillottes, sur le changement démocratique et en rechignant, encore une fois, à assumer sa responsabilité historique à un moment où des pans entiers de la classe politique et de la société civile l’ont pressenti pour être leur porte-étendard à la prochaine bataille électorale, Hamrouche ne fait qu’apporter de l’eau au moulin de ceux qu’il dit vouloir combattre. Car en refusant d’affronter Bouteflika dans cette conjoncture où le pouvoir est, comme il le dit lui-même, à bout de souffle, Hamrouche lui laisse le champ libre et accrédite indirectement la thèse de ceux qui répètent, depuis quelques mois déjà, que Bouteflika et son entourage ont réussi à accaparer tous les leviers du pouvoir, à commencer par celui qui organise la fraude électorale, ajoutant ainsi au défaitisme ambiant qui profitera à tous les prédateurs du quatrième mandat qui découvrent, en la personne de Mouloud Hamrouche, un allié objectif inespéré.
R. M.
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